Jeune Afrique – Londonko : c’est le nom du prochain album de Fatoumata Diawara, une rencontre entre Londres et Bamako de 14 titres, dont 6 produits avec Damon Albarn. Le premier aperçu de cet opus, c’était avec Nsera, sorti fin 2022. La chanteuse malienne et l’Anglais de Gorillaz l’avaient dévoilé au fil d’un clip aussi coloré qu’engagé signé Greg Ohrel, où les sonorités mandingues de l’une venaient rencontrer l’électro de l’autre. Le titre, en bambara, signifie « destination ».
Cette destination, elle y revient justement : elle n’est pas de celles que l’on atteint en montant dans un avion, elle symbolise son travail avec Damon Albarn, raconté comme une union liée au destin. Eux qui ont déjà collaboré sur Désolé de Gorillaz, ou encore sur le projet Africa Express, se retrouvent pour Le Vol du boli, au théâtre du Châtelet, au printemps 2022 : un chant d’amour pour l’Afrique, né de la rencontre de l’artiste britannique avec le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako. Albarn fait appel à elle pour la création des chansons, ils travaillent de nouveau ensemble et se plaisent dans cette collaboration : « Et si on continuait sur un autre projet ? » se demandent-ils. La réponse arrive vite : « Juste après cette discussion, on s’est loué un studio deux jours à Paris pour commencer », raconte Fatoumata.
« Une vraie fusion »
Tous deux ont en commun un grand attachement pour le Mali. Outre la terre, Damon Albarn en aime les mélodies, grâce à Marc-Antoine Moreau, connu comme un « passeur » de musiques africaines – il a fait découvrir Amadou et Mariam –, qui a terminé sa carrière à la tête d’Universal Music Africa. Avec sa disparition, suite à une crise de paludisme en 2017, Damon Albarn a perdu sa connexion avec le pays d’Afrique de l’Ouest, raconte Fatoumata. « Il y avait de la nostalgie chez lui. Se lancer dans cet album ensemble a été une étincelle. »
Deux compositeurs qui se retrouvent, ça peut vite accrocher
Deux univers se rencontrent, avec l’objectif pour chacun de garder son identité musicale : « C’est une vraie fusion, commente-t-elle. Moi je ne change rien dans ma façon de chanter, lui ne modifie pas sa façon de composer. » Elle se dit ouverte à sa « folie », elle a confiance en lui, elle est prête à le suivre. « Je suis compositrice aussi, et c’est difficile de façonner les compositeurs, plaisante-t-elle. Ils ont une vision musicale très personnelle. En général, ils invitent les autres dans leur univers, et pas l’inverse. Deux compositeurs qui se retrouvent, ça peut vite accrocher… » Dans le mauvais, comme dans le bon sens du terme.
Le wassoulou valse avec l’électro
Mais dans ce cas là, bingo ! la deuxième option l’emporte. Tous deux composent, le terrain d’entente est évident, c’est ça, la « destination » de Nsera, ce point de rencontre qui fonctionne au premier accord. « Il m’a dit, je ne peux faire ça qu’avec toi », confie-t-elle dans un sourire. Quatre chansons naissent de cette première étape. « De toute façon, s’il y a bien une chose que la musique déteste, c’est quand ceux qui y travaillent ne sont pas en cohésion. » Il y a des titres où il lance la mélodie et « m’invite sur son projet », d’autres où c’est elle qui compose avant d’ouvrir la porte aux invités. Mais aussi quelques chansons qu’ils entament en chœur, en partant de zéro.
Source : Jeune Afrique
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