Courrier international – Des millions de Soudanais sont pris au piège des bombardements et des tirs antiaériens depuis le déclenchement le 15 avril d’une impitoyable guerre de pouvoir entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et son numéro deux, le général Mohamed Hamdane Daglo, qui commande les Forces de soutien rapide (FSR), des paramilitaires particulièrement redoutés.
Tout comme la première trêve, sa prolongation n’a pas fait taire les armes à Khartoum et d’autres régions, en particulier au Darfour. Ce cessez-le-feu arrive à expiration dimanche à minuit (22H00 GMT).
Dimanche, un premier avion chargé de « huit tonnes » d’aide dont « du matériel chirurgical » a atterri au Soudan où il doit permettre « de soigner 1.500 patients » dans le pays où la plupart des hôpitaux sont hors service en raison des combats, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
L’avion, à bord duquel se trouve également du personnel humanitaire, a décollé d’Amman et a atterri à Port-Soudan, ville côtière à 850 km à l’est de Khartoum, selon le CICR. L’espace aérien soudanais est fermé depuis 15 avril car les combats ont débuté à l’aéroport de Khartoum.
Cette cargaison contient « des produits anesthésiques, des pansements, du matériel de suture et d’autres articles chirurgicaux » « permettant de soigner 1.500 blessés » a affirmé à des journalistes son directeur régional pour l’Afrique, Patrick Youssef.
La guerre a fait 528 morts et 4.599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués, et les deux camps s’accusent mutuellement de violer la trêve.
Dimanche, des témoins ont fait état de combats près du quartier général de l’armée à Khartoum et de frappes aériennes à Omdourman, banlieue nord de la capitale.
« Il y a de très violents combats, des coups de feu résonnent dans ma rue toutes les quelques minutes depuis l’aube », rapporte un témoin à l’AFP.
Les autorités de l’Etat de Khartoum ont annoncé octroyer « un congé jusqu’à nouvel ordre » aux fonctionnaires de la capitale, « compte-tenu des conditions sécuritaires », ont-elles annoncé dans un communiqué.
« Intensifier les efforts »
Alors que les combats entrent dans leur troisième semaine, les habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre aux pénuries de nourriture, d’eau et d’électricité.
Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à l’intérieur du Soudan ou ont entrepris des voyages harassants vers les pays voisins, le Tchad, l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan du Sud.
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Les gouvernements étrangers ont évacué leurs ressortissants et des citoyens d’autres nationalités, surtout depuis Port-Soudan vers Jeddah, en Arabie saoudite, sur l’autre rive de la mer Rouge.
Malgré les appels de la communauté internationale, aucune solution diplomatique n’est en vue entre les deux rivaux en treillis, qui continuent de s’invectiver par médias interposés.
« L’ONU intensifie ses efforts pour aider les personnes en quête de sécurité dans les pays voisins », assure sur Twitter son Secrétaire général Antonio Guterres, qui dit soutenir toute médiation africaine.
Selon l’ONU, 75.000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et au moins 20.000 ont fui vers le Tchad, 4.000 vers le Soudan du Sud, 3.500 vers l’Ethiopie et 3.000 vers la Centrafrique. Au total, jusqu’à 270.000 personnes pourraient fuir si la guerre continue.
Les autorités soudanaises indiquent que les combats touchent 12 des 18 Etats qui composent ce pays de 45 millions d’habitants, l’un des plus pauvres au monde.
« Tribus armées »
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Selon l’ONU, une centaine de personnes ont été tuées depuis lundi à El-Geneina, chef-lieu du Darfour-Ouest, une région encore marquée par la sanglante guerre civile des années 2000.
Khartoum (AFP)
Source : Courrier international
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