«Harry, un ami qui nous a toujours voulu du bien»

Pour une fois, l’expression n’est pas galvaudée. Une pan d’histoire se referme. Combat pour les droits civiques, contre l’Apartheid, mécénat culturel, musique, cinéma… en un mot engagement constant en fil rouge d’une vie de 95 ans… Harry Belafonte a émargé et avec quelle intensité à tous ces registres. Il pouvait légitimement revendiquer tous ces répertoires.

Il en est un autre qu’on lui rappelait souvent, inlassablement mais qui, au contraire des autres, l’agaçait au plus haut point, celui du charme, de la beauté légendaire et des avantages qu’elle procure. Les journalistes avaient fini par se faire à l’idée que que ce n’était pas le meilleur angle d’attaque pour amorcer et conduire la conversation avec le militant dans l’âme de toutes les causes justes. Le quotidien Libération a commis une ultime entorse en titrant : le charme à gauche.

Au répertoire des amis et compagnons de route, il y eut évidement Martin Luther King, James Baldwin, Mandela, Castro qui le décora, les Kennedy, JFK surtout, Charlton Heston (du temps où ce dernier était fréquentable), Mahalia Jackson… et last but not least son frère insulaire comme lui : Sidney Poitier.

Comme si les deux étaient indissociables, Harry Belafonte étendait naturellement son combat politique à la dimension culturelle, n’hésitant pas à mettre sa notoriété et ses moyens au service d’artistes venus d’autres horizons pour les aider à porter plus loin leur message. Pour ne citer que ceux-là, la jeune Myriam Makéba et les choristes du groupe Ladysmith et Black Mambazo en savaient quelque chose.

L’une des premières fois que j’ai entendu parler de Harry Belafonte, c’était avec un ami, étudiant sierra-léonais, militant panafricaniste dans l’âme, qui avait décrété que l’interprète de Mathilda, entre autres, était l’homme le plus beau du monde. Grand connaisseur du mouvement pour les droits civiques, il se faisait volontiers guide de son Panthéon au sein duquel Belafonte occupait assurément une place de choix.

Les luttes politiques des années 60 n’ont pas été le fait des seuls politiques. Le talent de Martin Luther King s’est renforcé de celui des Mahalia Jackson, Baldwin, Last poets, Belafonte.. pour mieux attirer la lumière et se déployer. Luther King est parti trop tôt. Belafonte a eu le temps de vieillir. Il a eu 95 ans le 1er mars dernier. Un post insignifiant l’a rappelé en guise d’hommage. On fait ce qu’on peut. Peu en l’occurrence.

Les années qui passent ne l’ont jamais fait dévier. Il n’a jamais ni rien trahi. Comme au « 1er » jour, il est resté la vigie infatigable. La célébrité, l’argent, la « notabilité » n’y ont rien fait. Il y a encore quelques semaines, il témoignait à la télévision. C’est un grand témoin qui s’en va mais un grand témoin doublé d’un acteur de tout 1er plan et de toujours. Il est des gens que l’on finit par croire à force plus forts que la mort. Ils sont de ceux-là que la mort ne fait pas disparaître.

 

 

Tijane BAL pour Kassataya.com

 

 

 

 

 

 

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