Emmanuel Macron conspué dans les rues d’Alsace pour son premier bain de foule depuis la promulgation de la réforme des retraites

Après une visite d’usine, lors de laquelle il a déclaré que « ce n’est pas des casseroles qui feront avancer la France », le chef de l’Etat a salué la foule dans les rues de Sélestat, où des huées et des slogans hostiles l’ont accompagné.

Le Monde – Emmanuel Macron voulait repartir au contact direct des Françaises et des Français, après trois mois de séquence contestataire dans la rue contre la réforme des retraites, menée coûte que coûte à son terme. Casseroles, huées, insultes… La visite du chef de l’Etat en Alsace a été marquée par de vives protestations, mercredi 19 avril.

A Sélestat, en milieu d’après-midi, le président de la République a été conspué, accueilli par des huées, des personnes criant « Macron démission » et la reprise de slogans entendus dans les manifestations contre la réforme des retraites comme le chant « On est là, on est là » popularisé par les « gilets jaunes ». « J’ai connu bien pire », a déclaré le président de la République aux journalistes qui l’accompagnaient, citant les « gilets jaunes ».

« Vous avez un gouvernement corrompu », lui a lancé un homme aux cheveux gris. « Vous nourrissez des idées qui ne sont pas justes », lui a répondu le président. « Je ne demande pas aux gens de prendre les décisions difficiles à ma place », a-t-il également répliqué à une jeune femme qui l’interpellait sur les retraites et la pénibilité.

Emmanuel Macron se fait huer lors du bain de foule à Sélestat (Bas-Rhin), mercredi 19 avril 2023.

 

Peu avant, M. Macron avait été attendu dans la commune de Muttersholtz, où il a visité l’usine de l’entreprise Mathis, spécialisée dans la construction en bois, par une centaine de manifestants équipés de casseroles, repoussés par les gendarmes. Certains portaient des pancartes, où on pouvait lire « Jupi dégage », allusion au surnom « Jupiter » donné au président de la République, ou encore « Tes 100 jours, c’est sans nous », tandis que d’autres utilisaient des cornes de brume ou des cloches pour se faire entendre.

La CGT a revendiqué une coupure de courant intervenue lors de la visite d’Emmanuel Macron dans l’entreprise Mathis, sans toutefois plonger les lieux dans l’obscurité. « Nous l’avions annoncé, les énergéticiens seront partout et il fera tout noir pour le président ! », a déclaré Fabrice Coudour, secrétaire fédéral FNME-CGT, dans un message adressé à l’Agence France-Presse. « La colère est là et on ne tourne pas la page ! », a ajouté M. Coudour.

L’intersyndicale opposée à la réforme des retraites avait invité mardi ses sympathisants à manifester bruyamment contre la venue du chef de l’Etat, pour montrer que « la page retraites est loin d’être tournée ». Pendant l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron de lundi soir, des rassemblements et des concerts de casseroles avaient déjà été organisés dans tout le pays, signe d’une contestation qui perdure malgré la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel vendredi dernier et sa promulgation par le chef de l’Etat dans la nuit qui a suivi.

« C’est pas des casseroles qui feront avancer la France »

 

Emmanuel Macron lors de sa visite de l’usine de bois Mathis, à Muttersholtz (Bas-Rhin), mercredi 19 avril 2023.

 

Leur répondant indirectement, le chef de l’Etat a déclaré, lors de sa visite de l’usine : « C’est pas des casseroles qui feront avancer la France ». Lors d’un entretien avec des journalistes, il a affirmé : « La réalité de tout le pays, ce n’est pas seulement ceux qui font du bruit avec des casseroles ou qui râlent. »

Tandis que le président discutait avec les journalistes, le député Emmanuel Fernandes (La France insoumise), qui participait à la visite, s’est affiché, à l’arrière-plan, portant un bâillon blanc sur lequel était écrit « 49-3 », en référence à l’article de la Constitution auquel le gouvernement a eu recours pour faire adopter la réforme sur les retraites à l’Assemblée nationale.

« Vous me reverrez toujours avec les gens, a ajouté le président, je n’ai pas le droit de m’arrêter. » Mardi soir, un déplacement privé de M. Macron à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) avait déjà attiré quelque 300 manifestants. Pour le camp macroniste, il importe que le chef de l’Etat soit au contact de la population, au risque d’être chahuté. « C’est important » qu’il fasse des déplacements dans les territoires, a commenté mercredi le ministre des transports, Clément Beaune, se réjouissant que le président « puisse être sur le terrain », « au contact », pour « entendre un certain nombre [de] revendications aussi ».

 

Lire la suite

Source : Le Monde avec AFP

 

 

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page