Élections 2023 Mauritanie : la démocratie en danger avec le retour du parti-Etat INSAF

La Mauritanie se dirige tout droit vers des élections non transparentes sur fond d’un parti au pouvoir INSAF faussant les règles du jeu démocratique et laissant peu de place à la démocratie interne. Cette situation met en danger les élections où l’opposition part avec des chances de mieux faire qu’en 2018.

La continuité d’un parti-Etat INSAF est un secret de polichinelle dans un pays où les militaires gouvernent sous vernis démocratique depuis 1991 sous le régime de Ould Taya. Depuis le changement d’habit de l’UPR pour troquer celui d’équité après trois années de gouvernance de Ould Ghazouani, INSAF c’est tout le contraire d’un parti qui respecte les valeurs démocratiques avec incontestablement le maintien aux meilleurs postes et de commandement des anciennes personnalités qui ont fait leurs preuves dans les régimes les plus impopulaires et sanguinaires de 1984 à 2019.

C’est le président Ould Ghazouani qui est pointé du doigt et dont la volonté de l’apaisement du climat politique n’a pas résisté aux ambitions personnelles de restaurer un Etat de droit et les libertés. Les élections de 2023 ont montré le vrai visage d’un président de la République qui entend en même temps diriger le parti. Une vieille pratique qui sert toujours les démocraties fragiles.

Son influence devient de plus en plus visible dans le choix des dirigeants des instances du parti. Il entend créer ainsi un parti fort pour ces élections intermédiaires où pour la première fois son parti hérité de son prédécesseur va se confronter à un triple scrutin. Un casse-tête pour l’établissement des listes candidates aux régionales et municipales qui va vite tourner au vinaigre.

Quand c’est le chef de l’Etat lui-même qui menace les frondeurs qui veulent quitter le parti et qui donne l’ordre à son premier flic de faire pression sur les leaders des partis de la majorité pour qu’ils retirent leurs listes régionales, les observateurs sont en face d’un parti-Etat qui ne disparait pas même en changeant de couleur. Ce chantage inédit d’un président de la République en plus le fait de permettre au gouvernement de battre campagne avec au bout de la chaîne des directeurs d’établissement comme candidats, constituent une violation de la loi électorale.

La volonté de présenter des candidats puissants financièrement des hommes d’affaires et des caciques du régime des universitaires ou avocats, est un signal alarmant dans une démocratie. Ces velléités hégémoniques ressemblent fort à un parti-Etat des années des indépendances.

Ce retour au passé réside dans la crainte de perdre surtout les législatives qui donnent l’occasion à Ould Ghazouani de choisir comme tête de liste un général à la retraite Ould Meguet pressenti comme futur président du parlement mais cette personnalité militaire de haut rang est présumée tortionnaire dans les années de braise de 1986 à 1992.

 

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 19 avril 2023)

 

 

 

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