
Soudan, samedi 15 avril, pour comprendre la préoccupation qui anime les acteurs de la région. L’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui regroupe huit pays est-africains dont le Soudan, se sont réunies, chacune de leur côté, pour tenter d’esquisser une issue rapide à la guerre dans laquelle se sont engagés les deux hommes forts du Soudan, Abdel Fattah Al-Bourhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du pays, et Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », chef des Forces de soutien rapide (RSF), une puissante force paramilitaire.
– Il suffit d’observer l’intense activité diplomatique en Afrique de l’Est depuis le début des hostilités au« Il existe un réel potentiel de déstabilisation régionale si le conflit s’intensifie », prévient Cameron Hudson, du Center for Strategic and International Studies. Et pour cause, le troisième pays le plus vaste d’Afrique se trouve au carrefour de multiples intérêts et aspirations d’acteurs régionaux. Frontalier de sept pays, il influence et subit les dynamiques de la Corne de l’Afrique, de la mer Rouge et du Sahel.
Plusieurs missions diplomatiques ont été mises sur pied dès dimanche, dans ce qu’une source occidentale dans la Corne de l’Afrique qualifie déjà « d’embouteillage des médiations ». Le président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, va se rendre « immédiatement » dans la capitale soudanaise pour « faciliter un dialogue entre les deux parties », annonçait, dimanche, l’organisation continentale dans un communiqué, sans que le programme et les modalités de sa visite ne soient détaillés. Selon un de ses collaborateurs, Moussa Faki Mahamat pourrait arriver dès lundi à Khartoum, une capitale dont l’aéroport restait fermé dimanche et autour duquel les combats continuaient, soulevant un épais nuage de fumée.
« Vent de panique »
L’autre initiative africaine de poids mise sur pied en urgence est celle de l’IGAD, dont les chefs d’Etat se sont immédiatement réunis par visioconférence. Signe du péril que fait peser la crise soudanaise sur la région, ils ont décidé l’envoi de trois présidents sur place. Le Sud-Soudanais Salva Kiir, le Kényan William Ruto et le Djiboutien Ismaël Omar Guelleh doivent se rendre à Khartoum dans la semaine pour y rencontrer les deux rivaux soudanais.
Dans cet « embouteillage », d’autres tentatives de médiation ont vu le jour. Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a appelé les deux hommes. Tout comme le ministre des affaires étrangères saoudien, Fayçal Ben Farhan Al-Saoud. Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a proposé ses bons offices. Autant d’acteurs qui ont des intérêts directs au Soudan.
Lundi matin, les affrontements se poursuivaient autour des lieux de pouvoir dans la capitale ainsi que dans toutes les provinces du pays, y compris dans les régions frontalières du Soudan du Sud, de l’Ethiopie, de l’Erythrée et du Tchad. « Les leaders régionaux comprennent les implications d’une guerre au Soudan […] il ne s’agit pas d’un conflit localisé, comme l’a été la guerre du Tigré en Ethiopie, mais bien d’un pays entier en guerre contre lui-même », analyse Cameron Hudson.
Une source de la présidence kényane, sous couvert d’anonymat, reconnaît « qu’un vent de panique s’est emparé de la région », et que la crise au Soudan « nous oblige à repenser les priorités régionales ». Il craint les répercussions possibles de la guerre des généraux soudanais sur les pays frontaliers.
Quand bien même les acteurs régionaux se sont pour l’instant contentés de formuler des demandes de désescalade, ils ont tous des intérêts concurrents au Soudan. A l’ouest, le Tchad a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres, de peur que le conflit ne déborde sur son territoire. L’Egypte, dont les soldats présents sur le sol soudanais, en vertu d’un accord de coopération militaire, ont été capturés par les RSF, s’intéresse de près à son voisin. « De trop près ? », s’interroge un autre diplomate occidental, qui suspecte les forces égyptiennes de soutenir activement son allié, le général Al-Bourhane, pour se maintenir au pouvoir.
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