ous n’ont pas rompu sèchement avec leurs partenaires occidentaux ou leurs voisins immédiats. Certains, peut-être, ne tenteront pas de donner de légitimité populaire et de légalité institutionnelle à leurs coups d’Etat dans une élection dont ils contrôleront pour une bonne part l’organisation. En revanche, de la – TGuinée au Tchad en passant par le Mali et le Burkina Faso, les putschistes ont bien pris le contrôle des horloges et semblent résolus à ralentir la course de leurs aiguilles. Sans rencontrer désormais de grande pression contraire.
Le temps où la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) imposait six mois d’embargo économique et financier au Mali – de janvier à juillet 2022 – pour contraindre la junte de revoir sa date de péremption de cinq à deux ans est en effet révolu. Pour cause : les sanctions n’ont pas renversé l’opinion publique contre les autorités de transition et si ces dernières ont finalement accepté de revoir à la baisse leurs prétentions en promettant un scrutin présidentiel pour février 2024, elles savent pouvoir compter sur le soutien de leur nouvel allié russe et la résignation de leurs voisins autrefois plus véhéments, pour limiter les pressions en cas de nouveau report.
Le renvoi à une date encore inconnue du référendum constitutionnel, prévu le 19 mars et envisagé comme la première étape d’une série de votes préparatoires à l’élection à la fonction suprême, a ainsi été dénoncé par une partie de l’opposition malienne comme une manœuvre du régime pour « jouer la montre », près de trente mois après le coup d’Etat d’août 2020. Sans susciter cette fois de réaction officielle de la Cedeao. « Techniquement, il est encore possible d’organiser l’élection présidentielle à date si l’on supprime les autres scrutins qui doivent la précéder, prévient un observateur étranger sur place. Mais tout dépendra des intentions du colonel Assimi Goïta et des autres officiers alors qu’ils sont encore populaires à Bamako et ne subissent plus de pressions extérieures. »
« Préoccupation »
« Le monde change. Il y a beaucoup d’offres aujourd’hui », euphémise un proche conseiller du général Mahamat Déby, aux commandes du Tchad depuis la mort de son père Idriss Déby en avril 2021, peu inquiet des conséquences de l’expulsion de l’ambassadeur d’Allemagne à N’Djamena le 8 avril. Jan Christian Gordon Kricke était, selon cette source, jugé trop proche des thèses défendues par l’opposition et trop insistant sur le respect des promesses données au début de la transition.
Selon cette source, si les Occidentaux et les institutions régionales ou continentales venaient à se montrer trop pressants avec Mahamat Déby pour qu’il renonce à concourir à la future présidentielle, désormais programmée pour la fin 2024, le général pourrait être tenté de s’orienter vers de nouveaux horizons russes, chinois, turcs ou dans le Golfe.
« Retenez-moi ou je fais un malheur » fut déjà la forme de chantage exercée par son père avec la France, à qui il savait rendre d’importants services pour s’éviter les critiques sur sa gouvernance économique et sa gestion du pouvoir. Le contexte actuel de nouvelle guerre froide inhibe encore un peu plus les chancelleries, craignant de se voir poussées vers la sortie au profit d’un nouveau partenaire préférentiel.
Après la prolongation de la transition de vingt-quatre mois, la permission finalement accordée à Mahamat Déby de concourir à la future présidentielle et la répression des manifestations de l’opposition en octobre 2022, qui a fait au moins 128 morts selon la Commission nationale des droits de l’homme, l’Union européenne et plusieurs de ses Etats membres avaient ainsi exprimé leur « préoccupation » et « fermement » condamné les violences et « l’usage excessif de la force ». Mais ils n’ont jamais poussé à des sanctions contre celui qui reste l’un de leurs meilleurs alliés dans la région.
Prévenance
Cette apparente mansuétude bénéficie également au colonel Mamady Doumbouya, au pouvoir en Guinée depuis qu’il a renversé Alpha Condé en septembre 2021. Si le président déchu s’était mis à dos une bonne part de ses voisins et des pays occidentaux par son entêtement à briguer un troisième mandat, son successeur a mesuré l’intérêt qu’il avait à adopter une posture diplomatique moins agressive.
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– (Le 11 avril 2023)Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com