Le ramadan, enjeu complexe pour les footballeurs professionnels

La FFF a rappelé, le 30 mars, son opposition à voir les arbitres interrompre brièvement une rencontre pour l’iftar. Une position que ne partagent ni l’Angleterre ni les Pays-Bas.

Le Monde – Faut-il interrompre brièvement les matchs au coucher du soleil pour permettre aux joueurs musulmans de rompre le jeûne – iftar – pendant le mois du ramadan ? Pour la Fédération française de football (FFF), la réponse est non, et elle l’a fait savoir aux arbitres qui officient sur les terrains de l’Hexagone et d’outre-mer.

 

« Il a été porté à la connaissance de la Fédération des interruptions de matchs [à la] suite [de] la rupture du jeûne du ramadan », est-il expliqué dans un courriel du 30 mars signé par le président de la commission fédérale des arbitres de la FFF, Eric Borghini. « Ces interruptions ne respectent pas les dispositions des statuts » de l’instance, poursuit la missive diffusée sur les réseaux sociaux. Une position justifiée par le respect du principe de laïcité. « L’idée est qu’il y a un temps pour tout : un temps pour faire du sport, un temps pour pratiquer sa religion », avance M. Borghini auprès de l’Agence France-Presse.

 

Ce n’est pas l’avis de la Premier League, l’organisme qui régit le championnat d’Angleterre de football. Comme l’avait annoncé Sky Sports, des pauses sont effectuées lors des rencontres concernées pendant le ramadan, cette année du 22 mars au 21 avril.

Aux Pays-Bas, un bref arrêt du match planifié

Lundi 3 avril, par exemple, l’arbitre du match entre Everton et Tottenham – commencé à 20 heures, heure locale – a interrompu le match au milieu de la première période. Abdoulaye Doucouré, Amadou Onana et Idrissa Gueye ont alors pu s’hydrater avant la reprise du jeu. Bien que le coucher du soleil ait eu lieu avant le coup d’envoi, permettant déjà aux joueurs de rompre leur jeûne, une pause boisson avait été convenue à l’avance entre les deux équipes et l’officiel, explique la BBC.

Dans la lignée de l’Angleterre, la Fédération royale néerlandaise de football (KNVB) avait publié un communiqué, le 23 mars, invitant les arbitres, tant au niveau amateur que professionnel, à discuter en amont avec les entraîneurs ou les capitaines des équipes concernées en vue de planifier un bref arrêt du match après le coucher du soleil.

 

Attaquant à Heracles Almelo, en deuxième division néerlandaise, Ismail Azzaoui est l’un des deux joueurs de son équipe à observer le jeûne. Dimanche, avant la rencontre face à Almere, à 20 heures, des personnels du club sont venus lui demander l’heure de l’iftar avant d’en parler à l’arbitre.

« Dès que le ballon est sorti du terrain à partir de la 8e minute, l’arbitre a sifflé et a indiqué le banc de touche. On a compris que c’était le moment pour nous de couper notre jeûne. On a bu de l’eau et mangé une datte. On a remercié l’arbitre et on a repris le match », conclut le Belge.

En Turquie, pays où les musulmans composent la majeure partie de la population, les horaires des affiches nocturnes du championnat ont été décalés afin de permettre de rompre le jeûne avant de jouer. C’était déjà le cas les saisons précédentes au Maghreb et dans le golfe Persique.

Simulation de blessure

Lors de la saison 2021-2022, une vidéo du match du championnat d’Allemagne entre Augsbourg et Mayence est devenue virale. A la demande du capitaine des visiteurs, Moussa Niakhaté, musulman pratiquant, l’arbitre Matthias Jöllenbeck a interrompu brièvement la rencontre à la 65e minute. C’est la première fois que l’international sénégalais sollicitait un officiel à cet égard. « Pourquoi là ? Pourquoi lui ? Je ne sais pas, j’ai eu comme un feeling », témoignera-t-il au Parisien.

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Source : Le Monde – (Le 08 avril 2023)

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