Courrier international – “Elle me regarde monter !” se réjouit Elida Almeida tout en gravissant, sans effort, cette montagne où elle a grandi jusqu’à l’âge de 7 ans [elle a aujourd’hui 30 ans]. Nous sommes à Santa Cruz, dans l’intérieur de l’île de Santiago, où la chanteuse capverdienne a été élevée par sa grand-mère, dona Sabina. Et Sabina est là, donc, tête coiffée d’un foulard et silhouette menue, à attendre l’arrivée de la petite-fille prodige, sur le seuil de la maison où, à 93 ans, elle vit encore sans rien avoir cédé ou presque de son autonomie, sous la surveillance d’une autre de ses petites-filles.
Si à Praia, la capitale du Cap-Vert, Elida ne peut guère faire deux pas sans qu’on l’arrête pour une photo ou un brin de conversation, dona Sabina, sa grand-mère, ne mesure pas exactement le chemin parcouru ces dix dernières années par l’enfant qu’elle a contribué à élever. Elle n’a d’ailleurs pas été tellement emballée par le clip de Dondona, une chanson de Di Lonji, son nouvel album, où Elida rend pourtant hommage à ses grands-mères.
Mais peu importe, ce n’est pas les applaudissements que recherche la jeune femme lorsqu’elle grimpe à pied la montagne. “Dondona parle du bonheur de grandir avec ses grands-mères, de l’importance des bases qu’elles nous donnent. Je dis qu’il y a du sucre dans son giron, du miel dans ses conseils, et qu’elle console comme personne. Je chante que sa bénédiction vaut toutes les gloires.”
“Chaque fois que je viens ici, et qu’elle me donne sa bénédiction, je sens qu’elle veut mon bien, et c’est comme si elle me lavait de tout le mal. Je repars comme neuve, prête pour affronter le monde.”
“Quand la radio coupait, il fallait improviser la suite”
Confiée à sa grand-mère à l’âge de 1 an, Elida s’est vite habituée à la vie au village. “On se levait et on faisait nos prières. J’allais aussi nourrir les cochons, changer les chèvres de pré, puis nous prenions le petit déjeuner, le plus souvent des biscuits et du beurre, et du café au lait. Ensuite, on prenait les ânes et on descendait chercher de l’eau. Certains jours, nous en profitions aussi pour laver le linge. J’ai vécu ici jusqu’à mes 7 ans, et j’y ai appris tant de choses, conserver le maïs, ou les haricots, faire du tabac – c’est ce que je raconte dans Kaminhu Lonji [l’une des chansons de l’album Di Lonji].”
Expresso (Lisbonne)
Lancé en 1973 par un député salazariste “libéral”, le premier journal moderne pour Portugais cultivés a séduit par sa qualité et son indépendance.
Source : Courrier international – (Le 08 avril 2023)
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