« Chocolaté » : l’écrivain Samy Manga signe une virulente charge contre les « hommes blancs » qui exploitent les planteurs de cacao africains

Dans "Chocolaté - le goût amer de la culture du cacao", le romancier camerounais Samy Manga décortique le système pernicieux qui fait de la culture du cacao, à l'origine du chocolat tant apprécié en Occident, un piège parfois mortel pour les agriculteurs qui en vivent en Afrique.

France Info – Le chocolat – dégusté pendant les fêtes de Noël, à Pâques ou tout simplement pour se faire plaisir dans les pays riches – est le résultat d’un dur labeur d’agriculteurs, majoritairement sur le continent africain qui abrite les plus grands producteurs de cacao. Abéna, le héros de l’écrivain camerounais Samy Manga dans « Chocolaté – Le goût amer de la culture du cacao » (Ecosociété) qui pourrait être son alter ego, en sait quelque chose.

Abéna a été bercé par cette culture grâce, ou plutôt, à cause de l’exploitation de son grand père qui s’étendait, quand il avait « à peine 10 ans », sur « quatre terrains de foot » dans le centre du Cameroun, en Afrique centrale. Il aura ainsi été le témoin des ravages du commerce de la précieuse fève sur sa terre natale alors qu’elle rime avec douceur sous d’autres cieux. Plaisir d’ailleurs insoupçonné pour ceux qui produisent cette matière première.

Une fève produite dans la souffrance

Du défrichage de la forêt, en passant par l’arrosage de fongicides sur la plantation – dont il pouvait observer les dégâts sur les agriculteurs et l’indifférence des autorités villageoises–, à la vente des fèves « de sueur et de sang » aux « hommes blancs », Abéna est aux premières loges d’un système d’exploitation bien huilé. Premières victimes : les agriculteurs.

A l’autre bout de la chaîne, les multinationales parmi lesquelles le géant suisse Nestlé, propriétaire de la marque Cailler, font la pluie et le beau temps. Elles sont pointées du doigt en dépit de leurs initiatives pour limiter, par exemple, le travail des enfants. Car le cercle vicieux que décrit Abéna est beaucoup trop retors pour générer du positif.« De toutes les manières possibles, l’argent du chocolat a violé la plupart des conventions censées réguler la culture du cacao », assène Samy Manga.

Outre les dégâts socio-économiques dont l’exploitation du cacao est à l’origine, la culture constitue également une menace écologique parce qu’elle est responsable de la déforestation dans les pays producteurs. Comme l’a encore confirmé en 2021 l’inventaire forestier et faunique de la Côte d’ivoire, premier producteur au monde de cacao, sa culture est la première responsable de la déforestation. Ce pays d’Afrique de l’Ouest perd, chaque année, en moyenne 3% de sa couverture forestière depuis 1986.

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Source : France Info (Le 07 avril 2023)

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