
Cette journée caniculaire de Ramadan, m’en rappelle une autre. C’était il y a cinq ans. Nous revenions d’Atar. Nous avions tout apporté pour une bonne rupture de jeune, sur la route, dattes, boissons, friandises, tagine, lait, beignets, pain, tout.
Arrivés à une quarantaine de km dAkjoujtt, nous nous arrêtâmes pour rompre. Nous avisâmes à quelque 2 kms une tente à côté de laquelle paissaient quelques chamelles. Nous nous y dirigeâmes. Devant la tente, un homme, la cinquantaine attendait l’heure de la rupture du jeûne. Devant lui, une calebasse de lait, rompu avec de l’eau, une zriga, on dit ici, des ustensiles de thé, et une pipe. Nous le saluâmes, et il hocha la tête.
Nous l’invitâmes à notre Ftour, il remua encore la tête. Il vida son zrig d’une seule gorgée, se versa un verre de thé très fort, tira longuement sur sa pile et se leva pour prier, tout cela sans nous regarder. Avant de nous en aller, je lui demandai si son Ftour était vraiment suffisant » J’ai bu du lait, du thé, j’ai fumé et ce soir je mangerai du couscous, qu’est ce que tu veux d’autre ? » me répondit t-il narquoisement
Quand nous repartîmes, mes amis s’étonnèrent surtout de l’accueil qu’il nous fit.
» Vous n’avez pas compris, leur dis-je : il nous méprise. Notre grosse voiture, nos nombreux aliments, nos habits même sont signes de dégénérescence pour lui. Voilà : pour lui nous ne sommes que des pantins qui jouent un rôle qui n’est pas le leur. Nous ne représentons rien pour lui car il pense que nous n’avons plus de culture. «
Il m’arrive de penser qu’il avait raison.
Mbareck Ould Beyourk
Facebook – Le 06 avril 2023
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