
Le Calame – La publication des listes candidates aux prochaines élections municipales, régionales et législatives de Mai 2023 fait apparaître un net recul des partis politiques traditionnels de l’opposition.
Du point de vue du nombre de listes, Tawassoul, le RFD, l’APP et l’UFP occupaient la tête du peloton et des sièges au sein de l’Assemblée nationale. Or seul Tawassoul se maintient, en se présentant dans 151 communes et les 13 conseils régionaux du pays. L’APP pointe en septième position avec 11 conseils régionaux et 82 listes municipales, suivi de l’Union des Forces Progressistes (UFP) en 14èmeposition avec 7 conseils régionaux et 43 listes municipales. Le RFD arrive en 22èmeposition avec 4 conseils régionaux et 25 listes municipales, l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement du Renouveau arrive en 17èmeposition avec 3 conseils régionaux et 34 listes municipales.
On enregistre par contre la montée du Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie (FRUD– Coalition Espoir de Mauritanie) qui totalise 4 conseils régionaux et 50 listes municipales, alors qu’elle prend part pour la première fois à ce type d’élections. Les partis politiques traditionnels paient-ils le manque de renouvellement de leur équipe dirigeante, contrairement à ce qui se passe au sein de Tawassoul qui élit à chaque congrès une nouvelle direction ? C’est le seul parti qui consacre l’alternance à sa tête, apparaissant ainsi le plus démocratique et le plus représentatif des différentes composantes du pays. Le silence et l’absence de visibilité sur le terrain, depuis l’élection du président Ghazwani, des partis en recul leur auraient-ils porté un sérieux coup ?
Le parti islamiste est suivi par le parti SAWAB à la tête d’une coalition (RAG, AFCD et Manifeste des Haratines) avec 12 conseils régionaux et 129 listes municipales. Sawab avait effectué son entrée au Parlement en 2018, avec l’élection du président d’IRA, Biram Dah Abeïd, alors en prison et tête de liste nationale de la coalition. Fera-t-elle mieux en 2023 ?
Des partis « émergents »
En scrutant la liste, on note l’émergence de partis politiques de la majorité : l’Alliance Nationale Démocratique (AND), Islahet Hiwar venus titiller l’Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP), deuxième force après l’UPR en 2018.Le premier présente 10 conseils régionaux et près de 100 listes municipales, le second s’en tire avec 9 conseils régionaux et près de 100 listes municipales, le troisième présente 9 conseils régionaux et près de 95 listes municipales.
Selon certaines confidences, certains de ces partis ont fait jouer le chéquier auprès des hommes d’affaires et des commerçants. Ces derniers s’étant engagés, semble-t-il, à financer leur campagne et à donner un coup de pouce aux autres candidats de leur parti. Le pouvoir est également suspecté d’en soutenir en douce quelques-uns. L’émergence de Hiwar et d’Islah pourrait jouer en défaveur d’INSAF, pensent certains observateurs. Comme toujours, le principal parti de la majorité a présenté des listes dans toutes les circonscriptions mais force est de constater que les choix contestés de ses candidats risquent fort de lui porter préjudice, si, bien évidemment, les recalés mettent à exécution leur menace de sanctionner leur parti ou de le quitter. Le mécontentement est grand dans toutes les régions, certains responsables sont accusés d’abuser de leur position pour imposer leurs proches, voire de régler des comptes à certains de leurs adversaires.
Si vingt-cinq partis ont pu présenter des candidats un peu partout, assistera-t-on à un réel accroissement qualitatif des conseillers municipaux, régionaux et du Parlement ? On craint plutôt un recul démocratique, avec l’entrée à l’Assemblée nationale d’hommes d’affaires et de commerçants parfois analphabètes. Sacré coup pour l’interpellation démocratique ! Et l’émergence de partis pendant des élections ne signifie pas forcément assise électorale. L’expérience a prouvé l’incapacité de beaucoup à s’implanter sur toute l’étendue du territoire. On note par ailleurs la difficulté de certains mandataires de listes à compléter leur dossier auprès des démembrements de la CENI et les remplacements de dernière minute opérés par l’INSAF suscitent de sérieux problèmes… Or il ne reste que peu de temps pour clôturer définitivement les dépôts.
Dalay Lam
Source : Le Calame – (Le 05 avril 2023)