Humza Yousaf, un indépendantiste progressiste, futur premier ministre écossais

D’origine indo-pakistanaise, le nouveau chef de file du parti indépendantiste a été désigné pour remplacer Nicola Sturgeon, qui a démissionné subitement mi-février.

Le Monde – Pour la première fois de son histoire, l’Ecosse devrait être dirigée par une personne d’origine indo-pakistanaise et de confession musulmane. Humza Yousaf, 37 ans, a été élu lundi 27 mars chef de file du Parti national écossais (SNP) par les membres de cette formation indépendantiste. Mardi, il devrait être désigné sans encombre premier ministre écossais par le Parlement régional d’Edimbourg, où le SNP est de loin la plus importante formation politique.

Cette nomination constitue une preuve supplémentaire de l’intégration de la communauté indo-pakistanaise au Royaume-Uni : le premier ministre britannique conservateur, Rishi Sunak, est d’origine indienne et de confession hindoue. Anas Sarwar, issu d’une famille pakistanaise, dirige, lui, la branche écossaise du Parti travailliste. Cette désignation « souligne à quel point la diversité ethnique et religieuse est devenue la norme à la tête des partis politiques écossais et britanniques, d’une manière inégalée ailleurs en Europe », s’est félicité Sunder Katwala, le directeur du groupe de réflexion British Future, qui promeut l’égalité entre les différentes communautés ethniques du pays.

« Jamais mes grands-parents n’auraient imaginé ce destin, un de mes grands-pères travaillait à la compagnie des bus de Glasgow, l’autre à l’usine Singer [de Clydebank, à l’ouest de Glasgow] » a réagi, ému, M. Yousaf, barbe courte et cravate tartan. Affirmant que « la foi n’empêche pas de diriger un pays », inscrivant sa future action sous le signe de « la justice », l’ex-ministre de la santé de Nicola Sturgeon a promis de gouverner « pour tous les Ecossais » et inscrit au rang de ses priorités de les « protéger de la crise du coût de la vie ». L’indépendance reste toutefois son objectif premier, car, estime-t-il, « les Ecossais la veulent maintenant ».

Difficile de succéder à Nicola Sturgeon

Elevé à Glasgow, capitale économique de l’Ecosse et bastion du mouvement indépendantiste, Humza Yousaf adhère au SNP en 2005 ; il est encore étudiant à l’université de Glasgow et a entendu Alex Salmond, chef du parti à l’époque, dénoncer l’entrée en guerre du Royaume-Uni contre l’Irak. Elu au Parlement écossais dès 2011 (où il prête serment en anglais et en ourdou), il devient ministre l’année suivante au sein du gouvernement de M. Salmond. Il enchaînera les portefeuilles, passant de la justice aux transports, et finalement, à la santé durant la pandémie de Covid-19. Sans démériter mais sans faire d’étincelles non plus.

 

« Je suis fière de lui et aussi un peu nerveuse », a glissé Shaaista Bhutta, la mère du nouveau dirigeant, au micro de Sky News, juste après sa nomination. Il y a de quoi : il ne sera pas facile de remplacer Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise sortante, considérée comme une « géante » de la politique écossaise et britannique de l’avis même de ses opposants. A 52 ans, la patronne du SNP depuis fin 2014, a annoncé subitement sa démission mi-février, sans donner d’autre explication que « l’envie de passer à autre chose », après avoir vécu « presque toute [sa] vie d’adulte en politique ».

Soutenu par les proches de Mme Sturgeon, Humza Yousaf s’est présenté durant la campagne interne au SNP comme le candidat de la continuité, défendant le même agenda progressiste, promettant de défendre son projet de loi « Gender Recognition Reform Bill » (qui permet d’obtenir un changement de genre dès 16 ans) contre un veto du Parlement britannique. Mais s’il a du charme et de l’aisance à revendre, il ne possède pas le charisme de sa prédécesseure, ni encore son autorité.

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Source : Le Monde – (Le 27 mars 2023)

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