Football : pourquoi le Sénégal semble imbattable en Afrique

Le champion continental en titre, qui vient de remporter la CAN des moins de 20 ans, doit en partie ses performances à la qualité de la formation dispensée par les clubs et les académies.

Le Monde  – En un an, le football sénégalais a fait main basse sur toutes les compétitions masculines organisées en Afrique. Cela a commencé par la Coupe d’Afrique des nations (CAN), début 2022, la première jamais remportée par la sélection A. Puis l’équipe de beach soccer a gagné, en octobre au Mozambique, sa septième CAN (la quatrième consécutive), avant que la sélection locale n’offre au Sénégal son premier Championnat d’Afrique des nations (CHAN), une compétition réservée aux joueurs africains évoluant dans leur pays. Enfin, le 10 mars au Caire, les jeunes Lions de la Teranga ont battu la Gambie en finale (2-0) de la CAN des moins de 20 ans, s’imposant pour la première fois dans cette compétition.

 

Cette domination du football sénégalais sur la scène continentale est à analyser à deux niveaux. Les résultats de la sélection A sont le fruit d’un mélange réussi entre des binationaux et des joueurs nés au Sénégal et qui ont poursuivi leur carrière en Europe. Mais en ce qui concerne l’équipe CHAN et les moins de 20 ans, cela résulte du travail de formation effectué dans les académies ou les clubs sénégalais. D’ailleurs, quatre joueurs (Lamine Camara, Pape Amadou Diallo, Djibril Diarra et Libasse Ngom) étaient alignés sur les deux tournois et ont donc remporté deux victoires continentales en moins de deux mois.

« La formation est depuis des années une des priorités du foot sénégalais », expose Mady Touré. En 2000, cet ancien footballeur professionnel a fondé Génération Foot, une académie partenaire du FC Metz. C’est en son sein qu’un certain Sadio Mané a débuté sa formation avant de rejoindre la France pour y commencer sa carrière. « Au Sénégal, Génération Foot, Dakar Sacré-Cœur [partenaire de l’Olympique lyonnais] et Diambars sont trois académies qui fournissent beaucoup de joueurs internationaux. Les clubs aussi ont fait le choix, avec moins de moyens, de faire un effort sur la formation », ajoute Mady Touré.

« Les jeunes sont placés très tôt dans les meilleures conditions en termes de scolarité, d’hébergement et bien sûr d’entraînement »

Grâce à leurs correspondants dans toutes les provinces du pays, les académies et les clubs repèrent rapidement les joueurs à potentiel. « Dans le cas des académies, ces jeunes footballeurs sont placés très tôt dans les meilleures conditions en termes de scolarité, d’hébergement, de soins médicaux, de nutrition et bien sûr d’entraînement et de compétition », précise le fondateur de Génération Foot. Les équipes seniors de ces académies participent aux championnats professionnels sénégalais (Ligue 1 et Ligue 2), si bien que les jeunes joueurs qui sont toujours en formation sont confrontés rapidement au haut niveau.

Une nouvelle génération prometteuse

« Le Sénégal dispose d’un vrai vivier. Les académies l’ont compris il y a plus de vingt ans et beaucoup de clubs, qui avaient tendance à ne se focaliser que sur l’équipe professionnelle et donc les résultats immédiats, sont désormais plus attentifs à la formation, même si leurs moyens sont plus faibles, notamment parce qu’ils ne sont pas partenaires de clubs européens », intervient Youssouph Dabo, ancien sélectionneur des moins de 20 ans et désormais entraîneur de l’ASC Jaraaf de Dakar, le club le plus titré du pays. Celui-ci, ainsi que d’autres pensionnaires de la Ligue 1 (Pikine, Gorée, Guédiawaye…), comptent ainsi plusieurs internationaux de moins de 20 ans dans leurs effectifs.

L’émergence de cette nouvelle génération de joueurs, dont certains évoluent déjà en Europe – tels Samba Diallo au Dynamo Kiev (Ukraine) ou Pape Diop à Zulte-Waregem (Belgique) –, est évidemment prometteuse. « Ce n’est pas une garantie car on ne peut pas lire l’avenir, mais il y a de quoi être optimiste. On doit non seulement rester vigilant et ne pas se relâcher, mais poursuivre nos efforts, améliorer ce qui doit l’être, comme les infrastructures d’entraînement, et permettre aux professionnels sénégalais qui jouent au pays de vivre décemment de leur métier », analyse Ferdinand Coly, quart-de-finaliste de la Coupe du monde 2002 avec les Lions de la Teranga.

Source : Le Monde

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