Élections 2023 Mauritanie :  vers des élections non libres et non transparentes

L’annonce de la fin du recensement administratif à vocation électorale (RAVEL) par la CENI est considérée comme la fin d’un processus de rattrapage des inscriptions sur les listes électorales soit plus de 300 000 nouveaux inscrits par rapport à la présidentielle de 2019.

Un chiffre éloquent révélateur d’un système électoral vieilli et verrouillé par l’Intérieur et des difficultés d’inscription pour des milliers de Mauritaniens qui résultent principalement du recensement biométrique discriminatoire qui perdure depuis 2009. Avec plus d’un million 700 000 inscrits soit plus de 300000 nouveaux inscrits par rapport à 2019 pour les trois scrutins de mai prochain, le RAVEL ressemble fort à un vieux logiciel mais efficace dans la tricherie politique avec des inscriptions abusives constatées même par la CENI.

Pour la première fois la diaspora qui va élire ses propres députés est confrontée à l’improvisation des autorités de Nouakchott parce que la majorité des citoyens ne pourront pas s’inscrire a fortiori remplir leur devoir de citoyens. L’exclusion de la majorité des pays où résident de fortes colonies mauritaniennes est un déni de démocratie. De même au plan national ce scandale démocratique se traduit par une cartographie électorale faussée dès le départ sur la base d’un découpage administratif faisant des régions densément peuplées, des déserts électoraux.

L’adoption de la proportionnelle à un tour pour les communales et les régionales et à deux tours pour les législatives relève d’un accord à la Pyrrhus entre l’Intérieur et les 25 partis officiels. Un dialogue qui occulte la réforme du code électoral.

Enfin, l’hypothèse selon laquelle les ministres peuvent conserver leur portefeuille et candidater aux élections suscite des interrogations sur la neutralité du gouvernement et de l’administration en général et ouvre la voie au cumul des mandats, un frein au renouvellement de la classe politique. Les citoyens sont avertis que cette politique d’autruche vise à détourner le vote des électeurs. Avec un fichier  électoral considéré comme chasse-gardée du pouvoir, les observateurs craignent des élections non libres et non transparentes qui pourraient conduire à la bérézina de l’opposition.

 

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

(Reçu à Kassataya.com le 16 mars 2023)

 

 

 

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