Pourquoi roule-t-on à droite en France ?

Promis, ce n'est pas juste pour embêter les Anglais.

Slate – Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, une fois passé la Manche, on devait inévitablement rouler du côté gauche de la route ? Non, les Anglais n’ont pas choisi ce mode de conduite pour emmerder le monde, et en premier lieu leur vieil ennemi français. D’ailleurs, on pourrait nous retourner la question : pourquoi avons-nous choisi de rouler à droite en France ?

À y regarder de plus près, la norme a en fait longtemps été de circuler à gauche. Une norme qui remonte à l’Antiquité et qui a dû évoluer pour une bonne raison.

 

Épées et Conestoga

 

En Grèce, en Égypte ou encore dans la Rome antique, les hommes avaient pour habitude de circuler à gauche… pour mieux s’entretuer. Les soldats, qu’ils soient à pied ou montés sur des chevaux, étaient en effet droitiers pour la plupart et portaient donc leur fourreau à gauche, de manière à dégainer leur épée plus facilement lors d’un combat –oui, autant vous prévenir, les gauchers n’ont pas leur mot à dire dans toute cette histoire de sens de circulation.

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, la pratique a perduré au Moyen Âge, période toujours friande d’épées tranchantes. Il faut dire que passer à droite aurait compliqué bien des choses : si deux chevaliers avaient eu le malheur de circuler dans ce sens, leurs épées auraient alors pu entrer en contact. Une provocation !, pire, une infamie! En un rien de temps, ils auraient fini par croiser le fer pour de vrai, dans un sanglant duel pour l’honneur. Un accident de la route version chevaleresque.

​Rouler à gauche était alors une habitude admise, mais pas réglementée. On faisait, en fait, à peu près ce que l’on voulait. Jusqu’à ce qu’à la fin du XVIIIe siècle, un nouveau type de véhicule fasse son apparition : le Conestoga.​ Mais si, vous voyez, ces petits chariots avec de grandes roues et une imposante bâche blanche arrondie, que l’on aperçoit souvent dans les films sur l’Amérique de l’époque. Cet engin venu tout droit de Pennsylvanie était tiré par plusieurs chevaux attelés par paire et, surprise !, le cocher ne disposait pas de siège. Une caractéristique atypique qui a eu une grande influence sur nos vies.

En effet, sans siège, le conducteur était assis sur le cheval de gauche de la dernière paire, place depuis laquelle il pouvait utiliser son fouet de la main droite pour contrôler l’attelage. Les chariots se sont donc mis tout naturellement à rouler à droite afin d’avoir le champ libre pour surveiller, lors des croisements, le côté exposé du véhicule. En quelques années, des chariots similaires virent le jour en Europe, qui se mit à rouler à droite.

Dans toute l’Europe ? Non : le Royaume-Uni n’était pas vraiment fan de ce fameux Conestoga. Plutôt utilisé pour les longues distances et le transport de marchandises, le véhicule n’était en fait pas adapté à la géographie du pays. En revanche, une autre version de ce moyen de transport y a eu plus de succès. Plus petit, il comportait cette fois-ci un siège pour le cocher sur la gauche, afin que ce dernier ne blesse pas le passager de son fouet. Conducteur à droite, circulation sur la gauche : les British ne changeront plus rien.

Ces pays qui basculent

 

En ce qui concerne l’Hexagone, on a parfois attribué cette transition de côté de circulation à un certain Napoléon. Pour s’assurer la victoire lors de ses batailles, il aurait entraîné ses troupes à commencer l’attaque par le flanc droit, alors que l’usage voulait que cela se fasse à gauche. Un effet de surprise total et fructueux, qui aurait poussé l’empereur à imposer à l’Europe conquise cette obligation de conduire à droite (et au passage pour faire râler les Anglais). Une bien belle histoire fantaisiste, qui n’a rien de très sérieux.

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Ernest Ginot — Édité par Natacha Zimmermann

Source : Slate (France) – Le 13 mars 2023

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