Touré Kunda : Une saga familiale devenue mythique

Le Soleil – Au début, il n’y avait qu’Ismaïla. Puis Sixu Tidiane est venu et ensuite Amadou. Ousmane et Hamidou « Séta », bien plus tard, ont rejoint les rangs. Ils ont écrit les différents chapitres de l’histoire du Touré Kunda, « la famille de l’éléphant », devenu au fil des années une véritable référence de la musique africaine à travers le monde. Une belle saga familiale qui a été parfois bouleversée par de nombreux changements d’effectif, de décès qui ont frappé de plein fouet le groupe. Mais la légende continue encore et encore …

 

Ceux qui sont nés à partir de 2000 ne connaissent peut-être pas le Touré Kunda. Ou s’ils connaissent ce groupe légendaire, c’est certainement par la magie d’Internet. Le décès d’Ismaïla Touré, à l’âge de 73 ans, des suites d’une longue maladie, a remis le Touré Kunda sous les feux de l’actualité. Un coup très dur pour les « frères éléphants », parce que le pachyderme est leur animal fétiche, eux qui ont fait du chemin de la Casamance à l’Europe. Quatre décennies qui leur ont permis de défricher la voie et servir de boussole à nombre d’artistes africains qui se sont imposés dans le paysage musical international.

Au départ, il n’y avait qu’Ismaïla. Puis Sixu Tidiane est venu le rejoindre à Paris. Ensemble, les deux « jumeaux », nés à 22 jours d’intervalle, selon la légende, réussissent à sortir, en 1979, un premier disque intitulé « Mandinka Dong » (la danse mandingue) grâce à un prêt de dix mille francs français contracté auprès du grand-père de la femme d’Ismaïla. C’est par la suite que les « frères éléphants » créent le groupe Touré Kunda. Ainsi commence une belle saga qui va leur permettre d’écrire l’un des plus beaux chapitres de l’histoire de la musique sénégalaise, africaine et mondiale.

En 1979, ils sont rejoints par leur frère aîné Amadou, qui les a initiés à la pratique de la musique. Ils cartonnent et s’imposent dans toute la France où ils enchaînent les concerts entre 1979 et 1983. La sortie de l’album « E’mma », en 1980, les propulse davantage au-devant de la scène. Le tube connaît un succès planétaire. Le refrain « E’mma o kou da dou kita » (E’mma, enfin nous sommes libres !) traverse les frontières et résonne jusqu’aux États-Unis, au Japon, en Chine, contribuant ainsi à faire de Touré Kunda une légende. Et depuis quarante ans, l’intemporel « E’mma » continue de faire danser l’Afrique et le monde. La sortie, deux ans plus tard, de l’album « Turu » est venue renforcer leur aura et augmenter leur audience.

Malheureusement, en janvier 1983, un terrible drame endeuille le groupe. Amadou meurt d’un arrêt cardiaque lors d’un concert à la Chapelle des Lombards. Une lourde perte pour les « frères éléphants » qui trouvent malgré tout assez de ressources psychologiques pour poursuivre leur belle épopée. Pour lui rendre hommage, ils lui dédient un album : « Amadou Tilo » (le soleil d’Amadou).

Le groupe est renforcé par la venue d’Ousmane et connaît une ascension fulgurante. Les succès s’enchaînent grâce à leur musique qui mélange des rythmes africains traditionnels avec des influences funk, reggae, pop… Le succès les emmènera partout dans le monde pour faire découvrir et connaître les cultures africaines. En 1984, la grande tournée africaine « Paris-Ziguinchor » accouche d’un double album qui s’écoule à 200.000 exemplaires. C’est l’apothéose. Plusieurs albums s’ensuivront : Natalia, Karadindi, Salam, Sili Beto, Mouslaï, Terra Saabi.

Avec une musique au service de causes nobles, aux problèmes universels, tels que la guerre, l’écologie, le racisme, Touré Kunda a ouvert un grand boulevard et permis à beaucoup d’artistes venus d’Afrique de profiter de l’intérêt des maisons de disques. Un terrain bien connu par le Touré Kunda, considéré comme le père de la world music ; ce qui lui a valu un succès sans précédent à la fin des années 1970 à 2000.

Avec plus de 700 concerts à leur actif, les « frères éléphants » ont joué dans des festivals et des concerts à travers le monde. Ils ont été les premiers musiciens africains à décrocher un disque d’or et trois disques d’or successifs. Leur musique, plein de rythmes, est une invitation à la danse, au rêve et à l’espérance. Lors du sommet des chefs d’État africains organisé à Vittel, en 1983, Ismaïla et ses frangins, par la magie de leur musique, ont réussi à faire tomber la veste à plusieurs Chefs d’État africains. Ils ont aussi eu l’insigne honneur de jouer pour Nelson Mandela sur le parvis des Droits de l’Homme, à Paris, à la fin de l’Apartheid. François Mitterrand qui était un fan du groupe avait invité les frères Touré pour égayer son hôte de marque.

FIN DE L’AVENTURE POUR ISMAÏLA

L’évolution du Touré Kunda ne fut pas un long fleuve tranquille. Le groupe, secoué par quelques problèmes inhérents à la musique, a su, tant bien que mal, se maintenir à flot. Après leur dernier album « Santhiaba » produit en 2008, les « jumeaux », les seuls membres de la line-up d’origine qui figurent sur tous les albums, marquent leur grand retour en 2018, pour célébrer les 40 ans de la formation.

 

 

 

Samba Oumar FALL

 

 

 

 

Source : Le Soleil (Sénégal)

 

 

 

 

 

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