Au Sénégal, un ancien premier ministre poursuivi pour avoir interpellé Macky Sall sur un prétendu don à Marine Le Pen

Dans une lettre ouverte, Cheikh Hadjibou Soumaré a accusé le président sénégalais d’avoir remis 12 millions d’euros à une « personnalité politique française » en voyage au Sénégal.

Le Monde  – Le voyage au Sénégal de Marine Le Pen n’en finit pas de faire des remous dans le pays. La rencontre entre la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale française avec Macky Sall, le président de la République sénégalaise le 18 janvier, tenue secrète jusqu’au dernier moment, avait suscité de vives réactions de mécontentement de la part d’activistes et d’hommes politiques sénégalais.

 

Presque deux mois après, cette entrevue est de nouveau au cœur d’une polémique. Dans une lettre ouverte publiée dans les médias sénégalais le week-end dernier, l’ancien premier ministre Cheikh Hadjibou Soumaré a lancé un nouveau pavé dans la mare. Sous forme interrogative, l’ancien premier ministre interpelle le président de la République sur un supposé don de 12 millions d’euros remis à une « personnalité politique française », sans toutefois présenter de preuves. Il ne la nomme pas, mais c’est bien à Marine Le Pen qu’il fait allusion. L’un de ses proches décrit un homme « outré » par la visite de la femme politique française au Sénégal.

Se plaçant « en tant que citoyen » et demandant des éclairages « pour le peuple », le président du mouvement politique Démocratie et République, soulevait également la question d‘un éventuel report de l’élection présidentielle, dont la date est fixée au 24 février 2024.

Une « tentative de musellement »

L’entourage de Marine Le Pen dénonce des accusations « tout à fait farfelues ». Ce sont « des insinuations fallacieuses, malveillantes et sans fondement » témoignant « d’une volonté maléfique de jeter le discrédit sur la personne du président », a pour sa part réagi le 6 mars le porte-parole du gouvernement Abdou Karim Fofana. Le gouvernement déclarait alors se réserver « le droit de donner toute suite qu’il juge appropriée ».

Cette suite est arrivée soixante-douze heures plus tard. Convoqué jeudi 9 mars pour une audition devant la sûreté générale du commissariat central de Dakar après que le procureur de la République se soit autosaisi du dossier, il a été inculpé pour diffusion de fausses nouvelles et diffamation.

 

« Opposer une réponse judiciaire à des questions politiques est une erreur. Mais c’est devenu un mode opératoire fréquent. La justice est régulièrement instrumentalisée par le pouvoir pour régler des comptes, on l’a vu avec des opposants comme Ousmane Sonko ou auparavant Karim Wade, Khalifa Sall », souligne le politologue Moussa Diaw.

Un technocrate discret et respecté

Avec sa lettre ouverte, Cheikh Hadjibou Soumaré signe un retour sur la scène politique aussi étonnant que fracassant. Cet homme de 71 ans est largement décrit comme « discret », s’exprimant rarement dans la presse et « refusant les invectives ». Natif de Thiès, comme son ami d’enfance Idrissa Seck, le président du Conseil économique, social et environnemental qui reste un allié de Macky Sall, Cheikh Hadjibou Soumaré est l’archétype du haut fonctionnaire sénégalais. Il a effectué toute sa carrière dans l’administration publique, en gravissant tous les échelons.

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Source : Le Monde  

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