
Tunisie après une montée des exactions contre les migrants subsahariens à la suite d’un discours incendiaire du président Kaïs Saïed sur l’immigration illégale. Cette suspension « jusqu’à nouvel ordre » du programme de partenariat signifie de facto un gel de tout nouveau financement à la Tunisie, déjà engluée dans une grave crise financière.
– La Banque mondiale a décidé, lundi 6 mars, de suspendre son cadre de partenariat avec laLa direction de la Banque mondiale a décidé de « mettre en pause » cet accord de partenariat et de « retirer du calendrier la revue du conseil d’administration », prévue initialement le 21 mars et « reportée jusqu’à nouvel ordre ». Cette décision concerne le cadre de partenariat pays (CPF, en anglais), qui sert de base de suivi par le conseil d’administration de la Banque mondiale afin d’évaluer et d’accompagner le pays dans ses programmes d’aide.
L’institution ne peut pas lancer de nouveaux programmes de soutien avec le pays tant que le conseil d’administration ne s’est pas réuni, même si « les projets financés restent financés et les projets en cours sont maintenus », comme l’a précisé une source proche de la Banque mondiale. Un responsable de l’institution, parlant sous couvert d’anonymat, a affirmé à l’AFP que cette mesure signifiait que l’octroi de tout nouveau financement à la Tunisie était peu probable « avant que la situation ne se clarifie » et qu’un nouveau CPF soit conclu.
Faible croissance, forte inflation et chômage élevé
Même temporaire, un tel gel « risque d’avoir un très mauvais impact sur la situation financière de la Tunisie », estime l’économiste Ezzeddine Saidane.
Le pays, endetté à hauteur de 80 % de son PIB à cause notamment du poids de sa fonction publique, doit recourir à l’emprunt pour combler son déficit budgétaire. Il négocie en outre un prêt de près de 2 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) avec le Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne d’autres aides internationales (dont celles de l’Union européenne), mais les pourparlers patinent.
« Le budget de l’année 2023 table sur des prêts de 25 milliards de dinars [7,5 milliards d’euros], dont l’équivalent de 5 milliards de dinars provenant de l’étranger. Sans la Banque mondiale, réaliser une telle opération serait très compliqué », juge M. Saidane.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane Abassi, a averti en janvier que l’année 2023 serait « compliquée », dans un contexte de faible croissance (moins de 3 %), de forte inflation (plus de 10 %) et de chômage élevé (plus de 15 %), sans un accord rapide avec le FMI pour un prêt. Mais les négociations entre les deux parties semblent faire du surplace depuis un accord de principe annoncé mi-octobre.
Source :
Avec AFP
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com