Il y a plusieurs années, un ministre de l’intérieur, Pierre Joxe, soucieux de combattre tout amalgame entre ce qu’on n’appelait pas encore «islamophobie» et lutte contre l’immigration clandestine avait tenu à préciser devant l’Assemblée nationale en arabe : l’Islam n’est pas notre ennemi. Effet garanti.
Le président Senghor était pour sa part connu pour son fameux «bandiraabé dendiraabé» qui ouvrait systématiquement ses discours en terre haalpulaar. La formule faisait mouche car elle permettait à Senghor de faire coup double : s’exprimer en pulaar et convoquer en clin d’œil la traditionnelle relation dite de plaisanterie entre son ethnie, les Sérères, et les Haalpulaaren.
Plus près de nous, du discours inaugural du président mauritanien au très réussi et récent FISO, on aura surtout retenu le «maaremu» du début. Un mot et trois syllabes qui ont suffi à faire l’événement et ravir le public. Chacun appréciera la chose suivant son degré d’indulgence, sa propension ou pas à relativiser et le choix de sa grille d’interprétation. Le trop le dispute au trop peu.
Les incrédules ne manqueront pas d’observer le fait que dans un pays multiculturel, le fait pour le président de prononcer un mot dans une des langues nationales puisse à ce point faire l’événement. D’autres, moins sourcilleux, préféreront s’en tenir à la symbolique du geste.
La remarque valait autant hier pour Senghor qu’elle vaut pour le président mauritanien. Il est toutefois à noter que l’ancien chef de l’Etat sénégalais s’exprimait dans ses discours publics le plus souvent en français, en ouolof en certaines circonstances, mais quasiment jamais dans sa langue maternelle. Vraisemblablement par souci de neutralité. La même qu’il s’astreignait en matière religieuse. L’un de ses successeurs en fera imprudemment fi.
Tijane BAL pour Kassataya.com
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