
La mort de l’activiste Chouvi relance le débat sur le système étatique discriminatoire qui perdure. Cette dérive policière révèle une police monocolore et répressive qui continue de commettre de graves violations des droits de l’homme, tortures et assassinats dans les commissariats et les prisons.
Les premières secousses politiques sont visibles sur la scène nationale depuis la mort en détention de l’activiste Chouvi avec le réveil brutal du président mauritanien qui secoue ses exécutants en particulier l’Intérieur, la justice et la santé pour des enquêtes indépendantes.
C’est la transparence qui est pointée du doigt par les observateurs qui parlent d’assassinat d’un acteur invétéré de la société civile devenu gênant sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas la première fois que la police s’attaque à des bloggeurs. Et les nouvelles lois sur la protection des symboles de l’Etat vont dans le sens de restreindre ces libertés.
La mort de Chouvi est une grave violation des droits humains sur le plan des meurtres dans les commissariats de police devenus des mouroirs pour les militants pacifistes. Et sur le plan de l’exclusion et de l’esclavage, c’est la même politique de marginalisation qui frappe les deux composantes nationales, les négro-africains et les harratins qui représentent plus de la moitié de la population. Et sur le plan des droits civiques et politiques, la poursuite du génocide biométrique initié depuis 2009 par l’ex-président Ould Aziz qui fait d’eux des apatrides et des sans-papiers chez eux.
C’est cette photographie de la fracture ethnique que le président mauritanien refuse de voir. Un pays divisé par une élite extrémiste arabophone qui gravite autour de la présidence et dans les autres rouages de l’Etat. C’est la nation arc-en-ciel qui est remise ainsi en cause par une minorité agissante. Ça constitue un crime que vient de commettre la police contre un militant des droits de l’homme. Et en définitive c’est assez révélateur d’une police monocolore comme ailleurs dans les autres forces de sécurité et de l’armée. Une police non républicaine qui constitue une atteinte à la constitution.
Assis sur un volcan depuis trois ans, Ould Ghazouani devra corriger les erreurs d’un système avant que la première éruption ne se produise durant son quinquennat.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 12 février 2023)
Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com