Sécurité alimentaire : les Etats africains s’engagent à investir plus dans l’agriculture

Près de 30 milliards de dollars de financements ont été annoncés pour réduire la dépendance alimentaire du continent, lors d’un sommet organisé du 25 au 27 janvier à Dakar sous l’égide de la Banque africaine de développement.

Le Monde  – Comment l’Afrique peut-elle sortir de sa dépendance alimentaire ? Huit ans après le lancement de la stratégie « Nourrir l’Afrique », une quarantaine de pays se sont retrouvés à Dakar, du 25 au 27 janvier, sous l’égide de la Banque africaine de développement (BAD) et du gouvernement sénégalais, pour faire le constat d’une situation toujours aussi préoccupante pour le continent.

Environ 322 millions d’Africains, soit près d’un quart de la population, souffrent d’insécurité alimentaire grave, et leur nombre a augmenté au cours des dernières années, selon les données des Nations unies. Parmi les 24 pays listés comme des « hotspots de la faim » à l’automne 2022 par le Programme alimentaire mondial, 18 sont Africains.

Si « l’ouragan de famines » redouté par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, en mars 2022, ne s’est pas produit, la guerre menée par la Russie en Ukraine a eu des répercussions sur le fonctionnement des marchés des céréales, les approvisionnements en engrais et la hausse des prix. « Cette crise sans précédent nous édifie sur l’urgence pour notre continent de mettre fin à sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur, d’apprendre à se nourrir par lui-même », a déclaré Macky Sall, en tant que président en exercice de l’Union africaine.

 

Potentiel sous utilisé

Le chef de l’Etat sénégalais, qui est monté au créneau ces derniers mois afin que le continent, très dépendant du blé et engrais russes et ukrainiens, ne soit pas victime collatérale du conflit, a aussi rappelé à ses homologues leurs engagements en les exhortant à mettre en œuvre la Déclaration de Maputo (juillet 2003) qui recommande d’allouer 10 % des budgets nationaux à l’agriculture.

L’Afrique comptabilise 60 % des terres arables non exploitées de la planète, et possède une importante réserve de main-d’œuvre grâce à sa jeunesse. Ce potentiel demeure sous utilisé, et certains pays comme l’Algérie, la République du Congo ou le Gabon restent très dépendants des importations pour s’alimenter. A l’échelle continentale, le coût des importations alimentaires s’élève à 75 milliards de dollars (69 milliards d’euros) par an.

 

« La souveraineté alimentaire et nutritionnelle devrait être l’âme de notre nouvelle libération. Comment nous considérer hommes libres alors que nous dépendons d’autrui pour vivre ? », a déclaré, à Dakar, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, insistant sur l’urgence d’une renaissance agricole.

« On a externalisé notre consommation au détriment des aliments locaux », regrette Mamadou Goïta, expert au Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) et directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives en développement Afrique. « Seuls une dizaine de pays respectent la déclaration de Maputo, et quand c’est le cas, le budget est souvent mal utilisé, déplore M. Goïta. Les exploitations familiales, qui constituent pourtant la majorité de l’agriculture africaine, sont délaissées. »

« Réinventer le modèle » agricole

Dans la déclaration finale adoptée à l’issue du sommet, les chefs d’Etat et de gouvernement présents ont réitéré leur engagement à faire de la sécurité alimentaire leur priorité de développement. Pour appuyer les politiques agricoles, environ 30 milliards de dollars ont été promis par les partenaires financiers, dont 10 milliards par la seule BAD.

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Source : Le Monde
 
 

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