Des batteries de défense antiaérienne installées sur les toits de Moscou

Des systèmes Pantsir S-1 et S-400 ont fait leur apparition ces derniers jours dans la capitale russe, parfois au sommet de bâtiments privés.

 Le Monde – Si le climat en Russie était plus serein, cela ressemblerait presque à un jeu : ces derniers jours, les Moscovites s’efforcent de repérer sur les toits de leur ville, photographies à l’appui, des hôtes inattendus : des systèmes de défense antiaérienne déployés en position de combat.

Les premières images sont apparues au soir du jeudi 19 janvier. Un Pantsir S-1 en train d’être hissé par une gigantesque grue sur le toit d’un immeuble de bureaux du centre-ville. Un peu plus tard, un autre a été aperçu sur le toit de l’état-major militaire. Un troisième sur une imprimerie…

En tout, pas moins de sept nouveaux systèmes de défense antiaérienne ont été signalés en deux jours, sur des toits mais aussi au sol. Le site d’information Sirena situait l’un d’eux à quelques kilomètres de la résidence de Vladimir Poutine. En plus du Pantsir, véhicule capable d’intercepter missiles de croisière et balistiques, des batteries de S-400, modèle plus massif et plus moderne, sont également de la partie.

Le flot d’images s’est ensuite tari, soit que le déploiement soit terminé, soit que les passants se soient souvenus du danger d’envoyer de telles photographies, même à des amis. Côté politique, ces apparitions ont donné lieu à une certaine confusion. Interrogé, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est contenté de renvoyer vers le ministère de la défense, lequel s’est refusé à tout commentaire.

Flou significatif

 

Ainsi laissé sans directive officielle, le député Evgueni Lebedev, du comité de la Douma pour la défense, s’est dit convaincu que les photographies diffusées étaient « des fakes, des montages ». Signe du caractère peu convaincant de ces dénégations, les médias locaux officiels moscovites continuaient à évoquer le sujet, voire à diffuser leurs propres images.

Ce flou est significatif. Depuis le début de « l’opération spéciale » en Ukraine, le 24 février, les autorités alternent sans cesse, s’agissant de la sécurité en Russie même, entre déclarations rassurantes, surjouant la normalité, et initiatives instaurant une tension maximale – qu’il s’agisse de très démonstratives vérifications d’abris antiaériens ou de la formation d’unités de défense territoriale dans certaines régions. Les territoires frontaliers de l’Ukraine, eux, sont bel et bien la cible de bombardements quasi quotidiens.

 

Samedi 21 janvier, l’Institute for the Study of War, groupe de réflexion basé aux Etats-Unis, estimait ainsi que le déploiement de systèmes antiaériens visait avant tout à installer une « tension » et à préparer l’opinion russe à un conflit long.

L’embarras est d’autant plus compréhensible que le 18 janvier, le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclarait encore : « En dépit de toutes les lois de la guerre, en dépit du droit humanitaire international, la défense antiaérienne ukrainienne est déployée dans des quartiers d’habitation. »

 

Une défense antiaérienne jugée « peu performante »

 

Reste que l’initiative a aussi une logique militaire indéniable. Les experts russes, qu’ils soient inféodés au pouvoir ou indépendants, rappelaient tous le précédent des frappes de drones sur l’aérodrome d’Engels, dans la région de Saratov, à 600 kilomètres de la frontière ukrainienne. Selon plusieurs sources, la réorganisation de la défense antiaérienne moscovite remonterait d’ailleurs au mois de décembre 2022, et pas seulement à ces tout derniers jours.

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Source : Le Monde  – Le 21 janvier 2023
 

 

 

 

 

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