
Courrier international – Après deux accidents routiers aussi meurtriers que spectaculaires, une prise de conscience a lieu au Sénégal quant à la dangerosité des routes du pays. Mais les autorités se heurtent à l’inquiétude des transporteurs, qui contestent les mesures envisagées par le gouvernement pour assainir les routes, lit-on dans la revue de presse de “RFI”.
“Près de 70 morts en une semaine”, s’exclame Walf Quotidien en première page. “Huit jours après la catastrophe routière qui a fait 42 morts le 8 janvier à Kaffrine, un nouvel accident de la route, survenu hier [16 janvier] à Sakal, dans la région de Louga, qui a fait 22 morts et 28 blessés, précise le journal. […] Une collision entre un car et un camion. […] D’après des témoignages et des scènes filmées sur le lieu du drame, le car a dévié de sa trajectoire pour éviter un âne en divagation au bord de la route.”
Commentaire de Walf Quotidien : “Ce n’est pas demain la veille que le flot de critiques contre les autorités pour leur incapacité à faire respecter les règles de conduite et la réglementation sur l’état des véhicules va s’arrêter.”
Colère…
Et le ton monte dans la presse sénégalaise… “Parler moins, agir plus, c’est pour quand ?” lance le quotidien 24 Heures en première page. “Sur l’empilement des morts issus des accidents de la route, chacun se renvoie la balle et accuse l’autre d’être responsable. Aux yeux des syndicats de transporteurs, l’État n’a pas été au rendez-vous. Du côté des fonctionnaires, les chauffeurs et transporteurs sont au banc des accusés. Et on refuse une quelconque responsabilité. Jusqu’à quand ? s’indigne le journal. Il faut une trêve, qui pourrait être l’occasion pour tout le monde de réfléchir à la bonne ligne à tenir.”
Colère également dans les colonnes du Quotidien, à Dakar : “On ne peut qu’être dépité d’apprendre que, rien que l’année dernière, 14 666 accidents ont été recensés au Sénégal, ayant causé 519 morts et 23 044 blessés. Cette saignée est insupportable, et on ne peut continuer de fermer les yeux sur toutes les pratiques conduisant aux drames routiers.”
“C’est d’autant plus révulsant, poursuit Le Quotidien, que, pour la plupart des accidents, la négligence coupable et la désinvolture bien sénégalaise des conducteurs, couplées à un climat où tout dispositif de contrôle ou de sanction peut être contourné, sont à l’origine des drames.”
Quelles solutions ?
Alors que faire ? Pour 24 Heures, “il faut agir sur les difficultés au lieu de pérorer à longueur de sites accidentogènes. Un véritable ‘Plan sécurité routière’ n’est pas impossible. […] C’est d’abord une volonté et un engagement de tous les acteurs du transport terrestre. Avec zéro politisation !”
Que faire ? Concrètement, répond le site Senego, il faut, dans l’immédiat, améliorer la formation des conducteurs de bus et de cars. [En outre], “l’élargissement et l’éclairage des routes, sans oublier la signalisation, doivent être la priorité des autorités. Il faut également placer des motards sur les zones dangereuses afin de faire respecter les limitations de vitesse. Il faut aussi lutter vigoureusement contre la corruption de nos agents routiers en mettant [en place] des sanctions sévères à l’endroit des fautifs. Enfin, le Train express régional peut aussi être une solution à long terme si l’État accélère les travaux afin que, d’ici quelques années, le TER puisse rallier toutes les régions du Sénégal.”
Vers une crise sociale ?
Cette “dernière tragédie vient rappeler l’ampleur des défis conjoncturels auxquels le Sénégal et, au-delà, beaucoup de pays du continent africain sont confrontés en matière de transports”, relève Le Djely, en Guinée.
Toutefois, poursuit le site d’information, “pour le cas spécifique du Sénégal, le problème relève d’autant plus d’un cercle vicieux que les mesures adoptées la semaine dernière pourraient déboucher sur une crise sociale, avec la grève illimitée que les conducteurs de cars entendent déclencher dès ce mardi. […] Tout se passe comme si, dos au mur, le gouvernement sénégalais avait fait le choix de sacrifier les transporteurs du pays de la Teranga, regrette encore Le Djely. Bien sûr, ils ont une part de responsabilité dans tous ces deuils occasionnés le long des routes. Mais ils ne sont pas les seuls à blâmer. Certains problèmes découlent plutôt de la désorganisation du service des transports. Alors que d’autres sont le fruit de la précarité, qui n’épargne ni les conducteurs ni les usagers.”
RFI (Paris)
Source : Courrier international
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