Le Monde – La justice sénégalaise a ordonné, mardi 10 janvier, la remise en liberté du journaliste Pape Alé Niang, critique du pouvoir en détention pendant environ deux mois, ont indiqué ses avocats.
Le juge a ordonné la remise en liberté provisoire sous contrôle judiciaire, avec interdiction stricte de s’exprimer sur le dossier, interdiction de quitter le territoire, et obligation de remettre son passeport et de se présenter au cabinet du magistrat instructeur une fois par mois, a dit à l’AFP l’un de ses conseils, Me Moussa Sarr.
Le journaliste, dont le cas a mobilisé un certain nombre de confrères et de personnalités, est « extrêmement éprouvé » par sa grève de la faim « mais il a un moral inoxydable », a-t-il dit. Il est toujours hospitalisé, a-t-il ajouté, une information qui n’a pas été confirmée d’autre source.
Un autre de ses avocats, Me Ciré Cledor Ly, a indiqué que son client devrait cesser sa grève de la faim. « Il a tenu bon, c’était très dur, mais c’était un combat de principe qu’il menait et qu’il a gagné », a-t-il dit, tout en déplorant que son client reste bridé par le contrôle judiciaire alors que, selon lui, l’affaire a des motivations « politiques ».
Patron du site d’information Dakar Matin, le journaliste avait été inculpé et écroué le 9 novembre 2022. Les autorités lui reprochent d’avoir diffusé des messages confidentiels sur le dispositif sécuritaire au sujet de l’interrogatoire de l’opposant Ousmane Sonko, le 3 novembre, dans une affaire de viols présumés. Elles l’accusent aussi de « diffusion de fausses nouvelles ».
« Seconde phase du combat »
Il a alors cessé de s’alimenter pendant une douzaine de jours. Le 14 décembre, il avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire, mais renvoyé en prison moins d’une semaine après une première libération conditionnelle pour avoir manqué aux obligations de son contrôle judiciaire en s’exprimant sur l’affaire. Il a repris sa grève de la faim et a été hospitalisé en raison de la détérioration de son état de santé.
La détention du journaliste a suscité une vague de critiques de la presse et de la société civile contre les autorités, et la crainte d’un tour de vis en vue de la présidentielle de 2024.
Source : Le Monde Avec AFP
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