L’ONU confirme l’implication du Rwanda au côté des rebelles du M23 dans l’est du Congo-Kinshasa

Un nouveau rapport des experts des Nations unies décrit l’expansion et la professionnalisation du mouvement armé soutenu par Kigali.

Le Monde  – Il va être de plus en plus difficile pour le Rwanda de camper sur son déni d’ingérence dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) après la diffusion, jeudi 22 décembre, du dernier rapport des experts des Nations unies. Ses conclusions sont en effet sans équivoques.

 

Les cinq enquêteurs assurent avoir « trouvé des preuves substantielles de (…) l’intervention directe des forces de défense rwandaises sur le territoire de la RDC, soit pour renforcer le Mouvement du 23 mars – Armée révolutionnaire du Congo [le M23, un groupe rebelle en guerre avec Kinshasa], soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda » établies en RDC, d’origine rwandaises et opposées au régime de Kigali.

 

Dans leur précédent rapport du mois de juin, les experts de l’ONU se montraient beaucoup moins affirmatifs concernant l’implication du pays voisin. Ils se contentaient alors de reprendre des déclarations « des autorités » de la RDC affirmant que les rebelles du M23, dont les attaques ont repris en novembre 2021 après plusieurs années d’inactivité, opéraient avec le soutien des forces armées rwandaises. Ce que le président rwandais, Paul Kagame, niait avec force.

En 2013, le mouvement, militairement défait par l’armée congolaise, avait été dissous, la plupart de ses combattants s’enfuyant alors au Rwanda ou en Ouganda, avant de renaître progressivement de ses cendres, sous la direction de ses leaders d’autrefois : notamment les deux vétérans des rébellions de RDC menées par des Tutsi congolais : Bertrand Bisimwa, actuel président de la branche politique du M23, et le « général » Emmanuel Sultani Makenga, commandant en chef de la branche armée.

 

Ce dernier, soumis depuis 2012 à des sanctions de l’ONU, est considéré comme « responsable de violations graves du droit international humanitaire pour meurtres, mutilations, violences sexuelles, enlèvements et déplacements ayant pris pour cibles des femmes et des enfants ». Réfugié durant plusieurs années à Kampala, le chef militaire du M23 a commencé à reconstruire le mouvement en janvier 2017 à partir de sa base établie sur le mont Sabyinyo.

C’est là, sur les pentes de ce volcan éteint situé au carrefour de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda, que le M23 est censé se replier, selon l’une des exigences préalables à toute discussion posées par Kinshasa et demeurée lettre morte à ce jour. Au contraire, sur la base « de preuves documentaires et photographiques vidéo, d’images aériennes, de missions sur le terrain et d’entretiens avec plus de 230 sources », le groupe d’experts observe que « la fréquence, la durée et la force des attaques » des rebelles ont suivi « une courbe ascendante » ces derniers mois.

Depuis sa résurgence en novembre 2021, le M23 enregistre ainsi des « gains territoriaux exponentiels », notent les experts. A contrario, l’armée congolaise est dotée d’« une chaîne de commandement locale instable, et des soldats se retirent de leurs positions avant l’arrivée [des rebelles] ».

Renforts apportés aux rebelles

En juin déjà, les experts constataient que les conquêtes territoriales du M23 étaient le fruit d’« un plus grand degré de professionnalisme, un recrutement plus actif, et de meilleures capacités de réapprovisionnement ». Cette tendance s’est confirmée. Le groupe « a consolidé sa direction, toujours sous le commandement du “général” Sultani Makenga, et (…) a commencé à mettre en place des administrations parallèles, y compris des réseaux de renseignement dans les zones sous son contrôle ». Des taxes sont levées sur les activités agricoles des espaces conquis ainsi qu’aux postes-frontières avec l’Ouganda où, par ailleurs, « les combattants et nouvelles recrues du M23 circulent librement ».

Parallèlement, la rébellion a pu compter sur le soutien actif de l’armée rwandaise, considérée comme l’une des plus opérationnelles d’Afrique.

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Source : Le Monde 

 

 

 

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