
La création cette semaine à Nouakchott d’un Institut pour la promotion des LN à l’issue du conseil des ministres, est considérée par les observateurs comme une reconnaissance officielle de près d’une vingtaine d’années d’expérience de cette institution en matière d’enseignement des langues nationale ( pulaar, soninké et ouolof).
L’expérience inédite de l’ILN en matière d’enseignement est un secret de polichinelle. Sa réussite dépasse les frontières mauritaniennes après une expérimentation de 1980 à 1999 dans le Fondamental. Après deux années de recherches sociolinguistiques, de formation des enseignants, d’élaboration du matériel didactique, douze classes expérimentales ont vu le jour en 1982 dans les régions du Trarza Brakna Gorgol Guidimaka Assaba Dakhlet-Nouadhibou, Tiris Zemmour et enfin de Nouakchott.
Au bout de 6 années, les écoliers pulaar, soninké et ouolof ont appris dans leurs langues maternelles toutes les matières durant ce cursus de l’école fondamentale. L’arabe étant comme seconde langue. Et à titre expérimentai d’une année, le pulaar, le soninké et le ouolof sont enseignées comme langues secondes aux élèves arabophones dans 14 classes seulement réparties entre Nouakchott, Rosso et Kaédi.
Au fur et à mesure que l’expérimentation avance, d’autres difficultés surgissent notamment politiques surtout pour le passage au cycle secondaire. Le prétexte manque de moyens financiers, pédagogiques et juridiques a ralenti le processus en 1999 et ouvert la voie à d’autres ajustements à géométrie variable favorables à la langue arabe. C’est l’année d’une autre réforme qui mettra fin aux dernières classes expérimentales en 2005.
Les résultats sont édifiants. La moyenne du taux de réussite avoisine plus de 82 pour cent en milieu rural et plus de 93 pour cent en milieu semi-urbain et plus de 81 pour cent en milieu urbain. Résultats salués par l’UNSECO et les pays voisins notamment le Mali et le Sénégal.
Après trois années de gouvernance, Ould Ghazouani vient de reconnaître cette riche expérience en créant un institut pour la promotion des LN chargé de réintroduire ces langues dans l’enseignement. Le président mauritanien met fin ainsi à 62 ans de négationnisme culturel de la communauté négro-africaine. Le difficile est à venir au niveau des mesures d’accompagnement. Le nouvel institut devra être doté de moyens matériels et humains pour la réussite de cette nouvelle réforme éducative.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 25 décembre 2022)
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