De retour à Nouakchott après des vacances entre regs lunaires, roches calcinées et constellations d’étoiles, me revoilà du côté pile de la Mauritanie.
Odeurs, bruits, vieux tacots sortant de nulle part, feux de signalisations toujours verts, la vie dans toutes ses dimensions organisées et désorganisée.
La ville tousse, plie mais ne casse pas.
Ces fils électriques à nu, ce mur rongé par le sel, cette voiture branlante, cet amas de détritus…
Nous sommes les rois de la débrouille, comme on dit ! Un royaume bien maigre parfois.
J’entends bien ceux qui disent : « Nous n’avons pas ceci, cela…L’Etat devrait faire ceci, cela… ».
Peut-être, sûrement, pas que !
Pas le temps d’épiloguer, dans un nuage de poussière, le taxi-bus s’arrêta net à ma hauteur.
Le tintement caractéristique de la pièce de monnaie contre la carrosserie, la voix éraillée du jeune apprenti s’élèvent dans un nuage de poussière : « Toujounine, toujounine ».
Gringalet et tout frêle, je bondis dans la carlingue béante emporté par mon parachute de boubou. Une horde multicolore s’engouffre dans le minibus, des petits, des gros, des ballots, des cabas.
Non, non, pas la chèvre…
Le camp de la garde, le collège des garçons, le lycée arabe, le carrefour…
Le tintement de la pièce de monnaie chante encore et encore contre la carrosserie.
Impossible de s’extirper du fond du minibus, mauvais choix.
Les ministères, les nouvelles nominations, la liste des nouveaux boursiers, des admis au concours de l’armée, le thé sucré…Ce n’est pas pour aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’est direction Toujounine…Alors accroche-toi.
Elbane Hamady
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