Au Sénégal, un juge ordonne le renvoi en prison du journaliste Pape Alé Niang, critique du pouvoir

Le patron de Dakar Matin s’est exprimé sur son affaire sur les réseaux sociaux alors que sa liberté provisoire était assortie d’une obligation de silence.

Le Monde – Un juge sénégalais a ordonné, mardi 20 décembre, le renvoi en prison du journaliste Pape Alé Niang, moins d’une semaine après sa remise en liberté sous la pression de la profession et des défenseurs des droits humains, a-t-on appris de ses avocats et du parquet.

Patron du site d’information Dakar Matin, le journaliste avait été relâché et placé sous contrôle judiciaire le 14 décembre plus d’un mois après avoir été inculpé et écroué pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la Défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles ». Son cas avait mobilisé la profession et lui-même avait observé une grève de la faim pendant une douzaine de jours.

 

Pape Alé Niang a été interpellé lundi soir par la police et présenté mardi à un juge du tribunal de Dakar qui « a révoqué sa décision de liberté provisoire assortie du contrôle judiciaire », a dit à l’AFP Me Moussa Sarr, l’un de ses avocats. « Il va retourner en prison », a-t-il ajouté.

Ce nouveau placement en détention fait suite à la demande du parquet qui estime que Pape Alé Niang a évoqué son dossier judiciaire lundi sur les réseaux sociaux avec un militant sénégalais à l’étranger, alors que son contrôle judiciaire lui interdisait de le faire, a expliqué Me Sarr. Il lui est également reproché un « tweet concernant le directeur général de la police », a-t-il ajouté.

« Acharnement et persécution »

Le parquet de Dakar « informe l’opinion publique de la révocation du contrôle judiciaire dont bénéficiait l’inculpé Pape Alé Niang », dans un communiqué publié mardi soir.

Il explique cette décision par « les dernières sorties médiatiques » du journaliste qui sont « une violation des obligations prescrites, notamment celles qui lui faisaient défense de communiquer sous aucune forme sur les faits objets de poursuite ».

Or, selon le parquet, « l’inculpé a largement contrevenu à ses obligations en abordant volontairement lors de ses lives sur Youtube les faits poursuivis » et lors desquels il a mené « des attaques injustifiées aussi bien contre une autorité de la police que contre les enquêteurs ».

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Source : Le Monde Avec AFP

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