En Égypte, la vie chaotique de la chanteuse Sherine Abdel Wahab, « la Britney Spears arabe »

Les relations de la star de la pop de 42 ans avec son époux alimentent depuis des mois les colonnes des tabloïds. Des accusations de violences conjugales ont fait ressurgir le débat sur les droits des femmes dans le pays.

Le Monde  – Depuis des mois, le public arabe est tenu en haleine par les épreuves de la chanteuse égyptienne Sherine Abdel Wahab, aux prises avec une histoire mêlant divorce et accusations de violences conjugales, addiction et hospitalisation forcée par sa famille. Ils sont nombreux à avoir exprimé leur soutien à la vedette de la pop de 42 ans présentée comme « la Britney Spears arabe ».

Son histoire a rappelé aux Egyptiens le combat de la star américaine contre sa tutelle et le sort parfois précaire des femmes dans le pays conservateur. L’artiste égyptienne a mis fin au déballage public après l’annonce de son remariage avec le chanteur égyptien Hossam Habib et de nouvelles dates de concert.

Ce n’est pas la première fois que Sherine Abdel Wahab fait les gros titres de la presse depuis ses débuts remarqués en 2002 avec l’album Free Mix 3, qui s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires. La chanteuse prolifique – sept albums, un film, une sitcom et une participation en tant que jurée dans la version arabe du télé-crochet The Voice – avait été condamnée à six mois de prison avec sursis, en 2018, pour avoir plaisanté, pendant un concert, sur la qualité de l’eau du Nil, avant d’être acquittée.

L’analogie avec Britney Spears s’est imposée aux yeux du public lorsque Sherine Abdel Wahab était montée sur scène, en janvier 2022, à Abou Dhabi, le crâne rasé, comme la chanteuse américaine l’avait fait en 2007. Sidérés, certains de ses fans avaient évoqué une punition pour avoir osé, un mois plus tôt, divorcer de son mari, le chanteur Hossam Habib. Leurs relations houleuses alimentaient les tabloïds depuis des mois.

« Pourquoi ce ne serait pas un nouveau look ? Un changement ? Ou quelque chose que j’aurais fait moi-même, même si j’étais déprimée ? Pourquoi avez-vous tout de suite supposé le pire ? » avait-elle rétorqué sur Twitter. En juillet, Sherine Abdel Wahab a changé de discours. Elle a révélé à la presse avoir été agressée par « des coups et des insultes » par son ex-mari, et l’a accusé d’être à l’origine de son crâne rasé. La suite a été une longue descente aux enfers, marquée par des accusations et des plaintes respectives.

 

« Une hospitalisation était nécessaire »

 

Dans un nouveau coup de théâtre, son frère, Mohammed Abdel Wahab, a annoncé mi-octobre avoir dû la forcer à commencer une cure de désintoxication. Puis des accusations d’enlèvement n’ont pas tardé à émerger. La comparaison avec Britney Spears, maintenue sous tutelle par son père pour ses problèmes de santé, a cette fois été invoquée par ses fans, qui ont manifesté leur soutien sur les réseaux sociaux en ressortant le mot-dièse #freebritney (« libérez Britney »). L’avocat de la célébrité a déposé plainte contre son frère, accusé de l’avoir battue et hospitalisée de force, avant de retirer la plainte. « Les rapports médicaux affirment qu’une hospitalisation était nécessaire », a alors justifié Me Yasser Qantouch à la télévision.

Les raisons de son hospitalisation n’ont pas été dévoilées. Peu avant, la chanteuse avait évoqué sa supposée addiction. « On peut être accro aux médicaments, à la nourriture, à de mauvaises habitudes, on n’est pas forcément accro à la drogue », disait-elle. Pendant ce temps, une guerre de tranchées opposait ses proches par talk-shows interposés. Mohammed Abdel Wahab a accusé l’ex-mari, Hossam Habib, d’être violent et de vouloir dilapider l’argent de sa sœur. Il l’a également accusé d’être, avec la productrice de Sherine Abdel Wahab, à l’origine des problèmes de drogue de la star de la pop. L’ex-époux s’est défendu de ces accusations.

L’affaire entourant Sherine Abdel Wahab a fait ressurgir le débat sur les droits des femmes. Lors de la mise en œuvre d’une stratégie nationale pour combattre les violences faites aux femmes en 2015, les autorités égyptiennes estimaient que près de huit millions de femmes avaient subi cette année-là des violences de la part de leur époux, d’un proche ou d’un étranger dans l’espace public. Dans un rapport publié en 2022, l’Observatoire des crimes de violence contre les femmes en Egypte et la Fondation pour le développement et l’égalité Edraak ont noté une hausse significative des violences faites aux femmes. Pour les seuls cas médiatisés, ils ont rencensé 813 crimes violents perpétrés contre des femmes et des fillettes en 2021, contre 415 en 2020, dont une majorité de cas de violence domestique.

 

Lire la suite

Source : Le Monde

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page