
Le Monde – Depuis le début de la compétition, les clients qui défilent dans sa boutique ne manquent pas de glisser un mot d’encouragement à l’égard des Lions de l’Atlas. « Ils me disent qu’ils sont de tout cœur avec nous. Ils sont fair-play », confie Bouchra Adiel, cogérante d’une pâtisserie à Alger, spécialisée dans des préparations culinaires marocaines. « J’ai même reçu un SMS de félicitation d’un habitué après la victoire face au Portugal », enchaîne l’entrepreneuse binationale de 38 ans, née à Fès et installée en Algérie depuis une dizaine d’années.
Orphelins de leur équipe nationale, qui a échoué à se qualifier, les amoureux du ballon rond sont ici nombreux à s’être tournés vers la sélection marocaine. « Un soutien naturel en raison de notre proximité géographique et culturelle », confie Nadia, une médecin de 45 ans.
Salah, qui travaille dans le secteur de l’informatique, s’identifie, lui aussi, « totalement » à la formation entraînée par Walid Regragui. « Nous sommes comme des cousins », estime ce cadre de 40 ans, originaire d’Oued Souf, dans le sud du pays. S’il n’était pas emballé à l’idée de suivre un tournoi auquel ne participe pas son équipe favorite, il suit désormais avec « plaisir » le parcours historique du Maroc. « Ils sont en train de réussir là où nous avons échoué », dit-il.
Les supporteurs des Fennecs sont d’autant plus enthousiastes que l’exploit de la sélection marocaine aura, selon eux, des répercussions positives sur le football continental. Derrière le comptoir de son commerce, Mehdi Larbi espère que cet élan fraternel perdurera au-delà de la compétition.
« A l’origine, avant la création des Etats, nous ne formions qu’un seul peuple uni. Malgré les désaccords entre les gouvernants, les peuples algérien et marocain sont restés proches », considère-t-il en déplorant la fermeture de la frontière terrestre séparant les deux pays depuis 1994. Une décision prise par Alger, en réponse à l’instauration d’un visa obligatoire aux ressortissants algériens pour entrer sur le territoire marocain à la suite des attentats de Marrakech ainsi qu’au refus du royaume, à l’époque, d’expulser le chef du Groupe islamiste armé (GIA), Abdelhak Layada, réfugié au Maroc. Nadia, la médecin, rêve également d’un « Grand Maghreb uni ».
Le zellige de la colère
Un vœu pieux très loin de la réalité diplomatique marquée par la rupture des relations entre les deux capitales, après la décision des autorités algériennes en août 2021. Outre le dossier inextricable du Sahara occidental – un territoire sur lequel le Maroc réclame la souveraineté alors que l’Algérie demande un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU –, les motifs de litige sont nombreux : la découverte du plan d’espionnage Pegasus, visant, entre autres, des Algériens, la déclaration du représentant du Maroc à l’ONU sur le soutien du pays au Mouvement séparatiste pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) – classée organisation terroriste par le gouvernement algérien –, ainsi que la normalisation des relations du Maroc avec Israël.
Source : Le Monde
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