Ce 24 décembre, les flocons de neige dansaient emportés par ce vent glacial venu du Nord. La « badia* » de Rennes avait revêtu son plus beau manteau d’une blancheur immaculée.
À l’intérieur de la vieille longère en pierres et terre, le feu crépitait dans l’immense cheminée. Sur un coin de la grande table basse, des crêpes toutes chaudes accompagnées d’un miel crémeux et d’un onctueux « zrig » – lait Ribot – nous souhaitaient la bienvenue.
Vive la Bretagne.
Nous étions invités par le centre des œuvres universitaires à vivre un temps de partage et de convivialité dans une famille française pendant les fêtes de fin d’année.
Maman marionnettiste, papa musicien et leurs deux enfants, notre famille était haute en couleurs.
Nous étions deux jeunes étudiants mauritaniens, plutôt réservés et surtout ne sachant pas la posture idoine à adopter.
Un accueil très chaleureux, du questionnement, de l’intérêt quant à la Mauritanie, à nos études avaient eu raison de notre réserve.
Ah ! Les hommes bleus, les turbans, les chameaux, les caravanes …
À notre grande surprise nos noms étaient bien inscrits sur certaines boîtes sous le sapin. Heureusement, nous n’étions pas venus les mains vides, une boîte de chocolats et quelques petits objets d’artisanat mauritanien avaient trouvé aussi leurs places sous le résineux.
Le temps passant, un théâtre improvisé d’ombre et de lumière prenait place. Les marionnettes sous les mains expertes dansaient, virevoltaient au son de la guitare sèche du maître de maison. De Jacques Brel à Francis Cabrel, la palette musicale était large.
Et soudain, l’inattendu.
A-capella comme un seul homme, toute la famille se mit à entonner « l’Internationale »Extraordinaire !
« C’est la lutte finale
Groupons-nous, et demain,
L’Internationale,
Sera le genre humain. »
À ma famille éphémère de la campagne rennaise qui ne lira probablement jamais ce modeste témoignage, je voulais juste dire merci et toute ma reconnaissance pour ces moments de partage.
Eh, oui ! Il y a des gens comme ça…
Et la caravane chemine sous les flocons de neige un soir d’hiver dans la campagne rennaise.
Elbane Hamady
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