Cinq mois de détention pour les soldats ivoiriens au Mali

L'affaire des 46 militaires ivoiriens empoisonne les relations bilatérales entre Bamako et Abidjan. Malgré les multiples médiations, la situation n’évolue pas.

Deutsche Welle – Au Mali, 46 militaires ivoiriens sont toujours détenus dans le pays, cinq mois après leur interpellation à l’aéroport international de Bamako Senou. A Abidjan, l’attente se prolonge donc pour les proches des soldats ivoiriens détenus au Mali depuis juillet 2022. Une situation angoissante pour ce parent d’un des 46 militaires, qui préfère garder l’anonymat.

« Ca fait maintenant cinq mois qu’il n’est pas là. Il faut dire que ce n’est pas facile. Il y a sa femme et ses enfants qui sont là. Pas facile de vivre sans lui. On essaie de faire avec. Mais si on pouvait les libérer avant les fêtes de fin d’année, franchement, ce serait comme un Père Noël venu pour ses enfants. »

Il exhorte les gouvernements maliens et ivoiriens à tout mettre en œuvre pour résoudre ce problème avant les fêtes. « Ce sera vraiment un soulagement », conclt-il.

Le président sénégalais Macky Sall et le président togolais Faure Gnassingbe lors d'un sommet de la CEDEAO pour discuter de la feuille de route transitoire pour le Mali, le Burkina Faso et la Guinée, à Accra, au Ghana, le 3 juillet 2022. La Cédéao donne au Mali jusqu’à janvier pour libérer 46 soldats ivoiriens

Appel au dialogue

Roselyn Bly, vice-président du Cojep, le parti de Charles Blé Goudé, appelle pour sa part les deux pays au dialogue afin de résoudre la question.

Elle estime que « la situation des soldats ivoiriens détenus au Mali est un cas très préoccupant. Dans la mesure où il s’agit d’Africains aux mains de leurs propres frères africains. Cette situation est fort déplorable. Car, rappelons-le, le Mali et la Côte d’Ivoire ont des liens de fraternité historiques. Ce qui nous unit est plus fort que ce qui doit nous diviser. Nous appelons au dialogue car le linge sale doit se laver en famille. Il faut privilégier ce dialogue pour apporter la paix entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Alors, asseyons-nous et discutons », propose le vice-président du Cojep.

Judiciarisation de l’affaire

C’est ce regrette Severin Konin, enseignant à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. Pour lui, l’affaire aurait pu être réglée de façon diplomatique.

« Je pense qu’à l’origine, lorsque l’affaire a éclaté, des diplomates plus chevronnés auraient pu régler ce problème qui fait partie des relations internationales, des relations entre deux Etats. C’est un problème d’interprétation de textes dans des circonstances politiques particulières pour le Mali qui pouvait être résolu par la voie diplomatique très tôt. »

L’enseignant à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan trouve que « la situation est devenue un peu difficile, où les autorités maliennes se cherchent une virginité. N’oublions pas qu’elles viennent de rompre toutes relations avec la France. »

Assimi Goïta, chef de la junte militaire au Mali, et le président ivoirien Alassane Ouattara

 

Du coté de Bamako, les autorités de la transition malienne se refusent à parler de blocage à propos du maintien en détention des 46 militaires ivoiriens.

Fousseyni Ouattara, vice-président de la commission défense au Conseil national de transition (CNT), met en avant le fait qu’il s’agit d’une affaire judiciaire en cours. « Au Mali, nous ne voyons aucun blocage autour de la détention des 46 militaires ivoiriens. L’affaire étant pendante devant le juge d’instruction, il n’est pas séant de s’immiscer dans les affaires judiciaires. Nous sommes tous dans l’attente du verdict. Quand il y aura le verdict, à ce moment il y aura plus d’éclaircissements. »

Une grâce présidentielle?

Fousseyni Ouattara évoque que cette affaire pourrait se solder par une grâce. « Si à partir de cet instant, le président de la transition juge nécessaire de les gracier, à travers les bons offices des uns et des autres, je suis sûr et certain qu’il le fera. Mais en attendant, essayer de mettre la pression, essayer de faire des gesticulations, cela n’est pas, à mon avis, quelque chose qui facilitera la tâche. » 

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Source : Deutsche Welle (Allemagne)

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