Augmenter la prévalence contraceptive en Mauritanie, l’inextricable résistance des femmes mendiantes

Thaqafa – Trainer plus d’enfants pour apitoyer les passants. Une nouvelle stratégie adoptée par les femmes mendiantes à Nouakchott. Chaque jour, elles prennent d’assaut les rues et avenues de la capitale mauritanienne, trainant mains tendues et enfants. Ce qui compromet l’engagement du pays à atteindre 25% d’utilisatrices de méthodes de contraception d’ici 2030.

Aissata et ses enfants – Crédit Aidara

 

Femmes traînant des poussettes et des bébés farcis sous un soleil incandescent. Des bébés qui disparaissent sous des ballots. Des hommes, surtout Syriens, portant des enfants sur les bras ou sur l’épaule, la main tendue entre deux files de voitures. D’autres qui traînent les pieds sous la signalisation, fillettes et garçonnets entre les jambes.

Quel tournis, ce nombre d’enfants trimballés par des adultes qui font la manche devant les bureaux, les commerces, les stations de carburant, les gares routières, les hôpitaux, les marchés… !

 

Son lieu de « travail » – Crédit Aidara

 

Aissata Sall, 37 ans, mariée, est originaire de la Vallée, aux bordures du Fleuve Sénégal. « J’ai des jumeaux, leur nourriture et le loyer d’une baraque au PK 12 me pèsent ! Je suis obligée de solliciter l’aide de mes frères et sœurs ». Elle évite le mot « mendier » par gêne. Elle tient à la main deux petits garçons et porte un bébé au dos. Chaque jour, elle traîne ces petits, dès l’aube, changeant quatre fois de transport, pour venir à « sa » station, face à l’ambassade américaine, à Tevragh-Zeina, quartier des nantis. Plusieurs mendiants ont choisi cet endroit comme lieu de « travail ». Après son veuvage, Aïssata s’est remariée, avec un mendiant. Les « recettes » récoltées par le couple permettent de subvenir aux besoins.

« Planifier mes naissances ? C’est hors de question », s’exclame-t-elle, cassée en deux. Pourtant, ce n’est ni l’absence de structures de santé, ni la gratuité du service, qui l’en empêche. « Au contraire, je veux encore plus d’enfants. J’en ai quatre, les plus grands sont restés au village. Il m’en faut encore plus » s’esclaffe-t-elle.

Devant la mosquée Saoudienne, plusieurs mendiants ont élu domicile. Des femmes, entourées de marmailles, préparent le repas près de la chaussée. De petites filles et de petits garçons se faufilent entre les voitures, traversent la route en courant, d’autres à peine 5 ou 6 ans, s’agrippent aux passants. Le nombre d’enfants est impressionnant.

 

Plusieurs professionnels de la mendicité ont élu domicile ici – Crédit Aidara

 

Selon certaines mauvaises langues, ces enfants naissent et grandissent là, aux bordures de la route, entre ces entremêlas de corps masculins et féminins qui dorment à même les trottoirs. Interrogées sous le sceau de l’anonymat, certaines mendiantes disent suivre un planning, auprès d’associations comme les Gestionnaires pour le Développement (AGD).

Hawsa Ndiaye, sage-femme, qui assure le service SR/PF à AGD est catégorique. « Je sais qu’on offre beaucoup de services PF à des femmes démunies. Je ne sais pas maintenant si elles sont mendiantes ou pas ».

Sidi Hamada, président d’une ONG active dans l’humanitaire lance « les enfants, c’est le trophée de guerre des femmes mendiantes. Ça leur permet d’apitoyer les passants et de récolter plus d’argent. Faire de la planification familiale est leur dernier souci ».

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Cheikh Aïdara

Source : Thaqafa

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