
Info Migrants – Le porte-voix des ouvriers agricoles et des travailleurs migrants en Italie est en pleine tourmente, après l’ouverture d’une enquête judiciaire en cours sur son épouse et sa belle-mère. Ses deux proches sont à la tête d’organisations d’aide aux migrants, accusées de mauvais traitements à l’égard de leurs pensionnaires et de malversations.
Aboubakar Soumahoro avait fait de la lutte contre l’exploitation des travailleurs migrants son cheval de bataille. Mais l’intégrité du militant d’origine ivoirienne, élu au Parlement italien le 26 septembre, est désormais remise en question par une enquête visant son épouse et sa belle-mère pour mauvais traitements envers des migrants.
Marie Thérèse Mukamitsindo et Liliane Murekatete, toutes deux Rwandaises, respectivement belle-mère et épouse du nouvel élu, sont à la tête de plusieurs organisations, Karibu et Consorzio Aid, s’occupant des « services d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile, des réfugiés politiques et des immigrés » et financées par des fonds publics.
Après une plainte déposée par le syndicat Uiltucs, le parquet de Latina, au sud de Rome, a décidé d’ouvrir une enquête mi-novembre sur des soupçons de fraude fiscale, de salaires impayés et de maltraitance envers des migrants au sein de ces coopératives d’accompagnement à l’emploi de demandeurs d’asile.
La plainte s’appuie les récits d’une trentaine d’anciens pensionnaires, notamment plusieurs mineurs hébergés dans ces établissements, qui se plaignaient de vivre sans électricité, ni eau depuis des mois et avec très peu de nourriture.
« Je n’aurais pas mis de chiens dans ce centre », a estimé pour sa part, Elena Fattori, une ancienne députée des Verts et de la Gauche, le même parti politique qu’Aboubakar Soumahoro, après avoir visité l’une des résidences gérées par le Karibu dans les environs de Rome. Des déclarations accablantes qui corroborent les soupçons de mauvais traitements à l’encontre des migrants.
Mea culpa du député
« J’ai été négligent, je ne connaissais pas les conditions dans les centres. Je m’excuse, ceux qui ont mal agi devront en répondre », a réagi Aboubakar Soumahoro dans une interview télévisée le 24 novembre, s’exprimant pour la première fois depuis la polémique.
Devant le tollé provoqué par l’enquête en cours visant sa famille, le député des Verts et de la Gauche a décidé de quitter son groupe parlementaire, sans toutefois démissionner. Il a juré n’avoir eu connaissance que des salaires impayésaux employés des coopératives.
« Mon épouse, a-t-il déclaré, m’a dit que les salaires impayés étaient dus à des retards de l’administration publique. Pour moi, c’était une ‘réponse suffisante’. Mais maintenant les témoignages que j’ai vus vont plus loin qu’une histoire de salaires non payés. » Aboubakar Soumahoro ajoute avoir demandé des comptes à sa femme, car « dans une telle situation, il n’y a pas de liens familiaux qui tiennent ».
Pour sa défense, Liliane Murekatete a fait savoir dans les colonnes de la presse italienne que le non-paiement des employés et l’état de délabrement des installations sont dus aux retards du versement des subventions étatiques. Une justification rejetée par le syndicat à l’origine de la plainte, qui affirme que la préfecture ne fait état d’aucun retard de versement de cet argent.
Le porte-voix des sans papiers exploités
Dans un contexte de victoire de l’extrême-droite italienne, l’élection d’Aboubakar Soumahoro aux législatives italiennes avait été saluée par plusieurs personnalités de gauche.
Suggestion kassataya.com :
Aboubakar Soumahoro, premier député italo-ivoirien au parlement italien
Source : Info Migrants (Le 28 novembre 2022)
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