Sexisme ou racisme ? Air France sommée d’autoriser les tresses afro de ses stewards

Une décennie de procédure judiciaire vient de donner raison à un steward à qui son employeur avait interdit le port de tresses afro. Passage en revue des arguments invoqués.

Jeune Afrique  – « Tresses africaines nouées en chignon » : c’est la coiffure qu’avait décidé d’arborer Aboubakar Traoré, un steward d’Air France, en 2005. La compagnie aérienne lui refusera alors d’embarquer, tant qu’il ne porterait pas une perruque pour dissimuler la coupe polémique. Elle mettra ensuite l’employé à pied, puis le déclarera « définitivement inapte » en raison d’une dépression, avant de le licencier, treize ans après le début du bras de fer, au motif qu’il avait refusé un reclassement comme personnel au sol…

Dès la médiatisation de l’affaire, c’est sous le prisme du racisme que celle-ci sera décryptée par des organisations comme la Fédération des associations africaines & créoles (FAAC) ou la Fédération Total respect – Tjembé Rèd (qui rassemble dix organisations de lutte contre le racisme, l’homophobie et le sida). De son côté, la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) ne détectera « aucun caractère d’excentricité » dans la coiffure d’Aboubakar Traoré.

 

 

Combat identitaire

 

Après des mois à courber l’échine, c’est en dénonçant une « discrimination et un harcèlement moral » que le steward incriminé saisira le Conseil des prud’hommes, la juridiction française compétente pour les litiges individuels entre employeurs et salariés. L’avocat du licencié réclamera des dommages et intérêts, un rappel de salaire et une déclaration de nullité du licenciement.

Pendant dix ans, les différentes juridictions – Conseil des prud’hommes, Cour d’appel de Paris et Cour de cassation – placeront le débat à différents niveaux. Les partisans du steward défendront les “locks” et assimilées comme les incarnations irréductibles d’un combat identitaire. Ce n’est pourtant pas sur l’identité afro de la coiffure que se soldera une procédure finalement favorable à Traoré…

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Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Source : Jeune Afrique 

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