La 2022 Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP27) ne laisse aucun malentendu : les conséquences néfastes du réchauffement ne cessent de s’intensifier. En 2021, 59,1 millions de personnes ont été obligés de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays, principalement à cause des catastrophes entamées par le climat.
Déconcertant est le fait que ce chiffre est bien plus élevé que des déplacements dus aux conflits armés.
La République Islamique de Mauritanie, dont la plupart du territoire est désertique, n’est pas une exception. Les sécheresses, la désertification accrue et les phénomènes climatiques instables perturbent la vie et les écosystèmes de plus de 4 millions de mauritaniens. Les ressources en eau diminuent, les moyens d’existence périssent, les nécessiteux s’appauvrissent.
La désertification, un facteur incontournable
Les bergers sont obligés de se déplacer sur de plus longues distances pour trouver de l’eau et de la nourriture pour leur troupeau également leur régime alimentaire est beaucoup moins diversifié qu’auparavant ; les agriculteurs ont du mal à cultiver. Cette situation entraîne peu à peu un exode rural, où les possibilités d’emploi sont déjà limitées et où il y a une surexploitation des ressources existantes.
La pauvreté croissante également oblige les enfants à abandonner l’école pour rentrer dans le monde du travail et soutenir leur famille, ce qui affecte le taux d’alphabétisation global du pays. Tout est lié ! La crise climatique provoque une chaîne d’événements qui menacent gravement la vie et les moyens de subsistance des populations.
Les conséquences dévastatrices sur les populations et la planète renforcent la nécessité de s’attaquer aux causes fondamentales de la crise climatique tout en s’adaptant aux nouvelles réalités qu’elle présente, notamment les événements météorologiques extrêmes tels que les inondations et les sécheresses, les extinctions massives de milliers d’espèces, les déplacements forcés des populations et l’augmentation de la faim et de la malnutrition.
En Mauritanie, la crise climatique et les pratiques agricoles non durables perturbent l’équilibre délicat de la nature, entraînant la dégradation des sols et les rendant infertiles. Cela a inévitablement un impact sur la sécurité alimentaire des populations qui doivent désormais lutter pour trouver des terres fertiles à cultiver ou de l’eau pour abreuver leurs bétails.
À plus grande échelle, la dégradation des sols sur presque la totalité des sols mauritaniens oblige le pays à dépendre des importations pour couvrir jusqu’à 70% de ses besoins alimentaires, ce qui le rend vulnérable au moindre changement sur les marchés internationaux.
C’était déjà le cas après la pandémie de COVID-19 et la crise ukrainienne, lorsque les prix des aliments sur le marché mauritanien ont grimpé en flèche. Par exemple, le prix du riz importé est passé de 27 MRU en avril 2019 à 37 MRU en avril 2022, le prix du blé a presque doublé et le prix de l’huile a augmenté de 94% !
Comme vous le voyez, la crise climatique est réelle et nous sommes en plein dedans. Nous avons tous et toutes un rôle à jouer pour la ralentir et en réduire les effets. Pour le Programme alimentaire mondial (PAM), cela veut dire de développer un paquet d’actions en synergie afin de s’attaquer aux origines de la vulnérabilité des terres, des individus et des systèmes.
Un second souffle notre terre
Crédit PAM Mauritanie
En Mauritanie, de nombreuses communautés ont une connaissance approfondie de leur environnement et des ressources naturelles qui les entourent – exploiter ces connaissances tout en introduisant des innovations choisies est peut-être un outil puissant pour protéger la nature.
Le PAM utilise ces connaissances traditionnelles pour aider les communautés à mettre en œuvre des activités de réhabilitation des terres par le biais de techniques visant à combattre la dégradation des sols, restaurer les écosystèmes et permettre un accès durable à l’eau.
Telle est l’exemple des demi-lunes, des structures qui sont creusées dans le sol pour collecter les précipitations afin qu’elles puissent être utilisées ultérieurement pour l’agriculture Les communautés qui bénéficient des activités de réhabilitation des terres menées par le PAM sont désormais en mesure de cultiver leur propre nourriture et risquent beaucoup moins d’avoir faim ou de souffrir de malnutrition pendant la période de soudure. Les enfants participent également à ces activités en construisant des jardins communautaires dans leurs écoles et en apprenant dès leur plus jeune âge à protéger l’environnement et à manger sainement. Ainsi, ils sont mieux préparés aux chocs climatiques.
Source : Thaqafa (Le 21 novembre 2022)
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