Une famille expulsée d’Algérie : « On a marché pendant des heures dans le désert avec nos enfants dans les bras »

Info Migrants Burlaye, un père de famille malien de 25 ans, était bien installé en Algérie, où il travaillait comme boulanger. Sa vie a basculé fin octobre quand des policiers ont fait irruption dans son salon. Toute sa famille a été arrêtée puis expulsée vers le Niger, sans aucun recours possible. Témoignage.

 

InfoMigrants a rencontré Burlaye, sa femme Kratoum, et leurs enfants Maryam, 3 ans, et Aminata, 1 an, à l’extérieur du camp de transit de l’OIM à Assamaka. Ils étaient assis dans une petite cour attenante au bâtiment accueillant des équipes d’humanitaires.

« J’habitais depuis 2014 en Algérie dans les environs de Ghardaïa. Les choses se passaient plutôt bien et j’avais fait ma vie là-bas. Je travaillais dans une boulangerie, je gagnais un peu d’argent et ma famille a pu me rejoindre. Ma dernière fille, Aminata, est même née en Algérie ».

« Le mois dernier, des policiers algériens ont fait soudainement irruption dans la maison que nous partagions avec trois autres familles maliennes. On a été pris complètement par surprise. Ils n’ont pas sonné, ils ont carrément cassé la porte d’entrée. »

« Je n’ai pas résisté et les policiers m’ont arrêté sans me frapper. Ils ont menotté tous les hommes et nous ont fait sortir de la maison. C’est alors que j’ai vu qu’il y avait des policiers déployés tout autour du jardin, certains avaient même un pistolet à la main. »

Leur fille Aminata, âgée d'un an, est née en Algérie. Crédit: Mehdi Chebil
Leur fille Aminata, âgée d’un an, est née en Algérie. Crédit: Mehdi Chebil

 

« Il y avait des policiers du coin, certains venaient acheter leur pain dans la boulangerie où je travaillais. Après nous avoir arrêtés, ils nous ont tout pris* – l’argent, les téléphones, et mêmes les bijoux qu’on n’avait pas cachés. Mon passeport était périmé, mais ils n’ont même pas pris la peine de vérifier. Ils en avaient rien à faire quand on leur disait que certains des enfants étaient nés ici en Algérie. On a appris plus tard que notre maison avait été pillée… Mais on ne sait pas par qui. »

Après leur arrestation, les migrants sont envoyés au centre de refoulement de Tamanrasset, à 1900 kilomètres de route au sud d’Alger. Ils sont ensuite transportés vers le Point-Zéro, le lieu désertique qui marque la frontière entre l’Algérie et le Niger. Le premier village nigérien, Assamaka, est à 15 kms de distance.

« On nous a entassés dans plusieurs camions, qui sont partis en convoi de Tamanrasset vers 17 heures. Ils nous ont abandonné en plein désert, au milieu de la nuit. Il était environ 3 heures du matin quand on s’est mis en marche vers les lumières qui scintillaient. Je portais ma fille Maryam, ma femme portait Aminata, et un frère portait mes bagages. »

 

Assamaka se situe tout au nord du Niger, dans une zone complètement désertique. Crédit: Mehdi Chebil
Assamaka se situe tout au nord du Niger, dans une zone complètement désertique. Crédit: Mehdi Chebil

 

 

« Nous sommes parvenus à Assamaka vers 8 heures du matin. On nous a dit qu’il n’y avait plus de place à l’intérieur du camp de l’OIM, même pour les femmes et les enfants. À l’arrivée, on nous a juste donné une seule couverture pour ma femme… Depuis, un médecin est venu nous voir; on nous a donnés quelques couches. Mais on dort toujours à l’extérieur et des femmes dans notre groupe ont déjà attrapé froid. »

Lire la suite

Mehdi Chebil

Source : Info Migrants (France)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page