Le G20 accroît la pression sur la Russie, en dépit de ses divisions sur la guerre en Ukraine

Les principales puissances économiques de la planète sont parvenues à présenter un communiqué commun lors du dernier jour du sommet, condamnant notamment l’usage potentiel de l’arme nucléaire.

Le Monde – Jusqu’au bout, la tension est restée vive entre les membres du G20 au sujet de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les vingt principales économies de la planète ont achevé leurs discussions, mercredi 16 novembre, quelques heures après l’explosion inexpliquée à ce stade survenue sur le territoire polonais, à la frontière avec l’Ukraine. Leurs dirigeants ont fini par adopter un communiqué commun, négocié ces derniers jours alors que le conflit divise les Occidentaux, alliés de Kiev, et les principales puissances émergentes, Chine en tête. « La plupart des Etats membres [du G20] ont condamné fermement la guerre en Ukraine », indique le texte, agréé au consensus sans que la Russie ait pu s’y opposer.

Les conclusions renvoient aux différentes résolutions de l’ONU – dont celle de mars qui déplorait alors « dans les termes plus forts l’agression de la fédération de Russie contre l’Ukraine » et demandait « le retrait » de ses troupes – tout en respectant les positions des uns et des autres vis-à-vis de la Russie. Elles ménagent ainsi les pays, comme la Chine et l’Inde, qui se sont abstenus de condamner Moscou depuis le début de l’invasion. Les membres du G20 sont en revanche unanimes sur le fait que le conflit « sape l’économie mondiale » et soulignent aussi, dans ce texte conjoint, que « l’usage ou la menace d’utiliser des armes nucléaires est inadmissible ».

L’adoption d’un tel communiqué commun était loin d’être acquise dans les jours qui ont précédé la réunion. La présidence indonésienne du G20 était réticente à aborder de front la question de la guerre en Ukraine, tandis que les alliés occidentaux de Kiev souhaitaient marquer le coup face au retour de la guerre en Europe. Après le retrait des troupes russes de la ville de Kherson, Vladimir Poutine avait quant à lui décidé de ne pas venir au G20. Sergueï Lavrov, son ministre des affaires étrangères, est resté jusqu’à mardi soir, les diplomates russes multipliant en coulisse les objections.

 

Inquiétude commune

 

Finalement, « les Russes ont fait le choix de ne pas montrer leur isolement, ils ont accepté un langage difficile pour eux, mais consensuel à dix-neuf », observe-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron, où l’on se félicite d’avoir ainsi augmenté la pression sur le président russe. Nous savions que ce G20 allait être difficile, mais nous pensions qu’il fallait qu’il ait lieu pour aller chercher les grands émergents et leur montrer que cette guerre n’est pas qu’une crise en Europe. »

 

En dépit de ces tensions, le sommet du G20 a permis de constater une inquiétude commune à l’égard des conséquences du conflit sur une économie mondiale déjà ébranlée par la pandémie de Covid-19. Le président chinois Xi Jinping, dont c’était le retour sur la scène internationale, n’a-t-il pas lui même mis en cause l’utilisation de l’énergie et de l’alimentation comme des « armes », dans une critique à peine voilée à Vladimir Poutine ?

Pour tenter de réduire les clivages et de rallier les plus réticents, les dirigeants occidentaux, à commencer par Joe Biden et Emmanuel Macron, ont cherché à calmer les inquiétudes sur les répercussions du conflit, en particulier sur les marchés alimentaires et énergétiques, dans un contexte d’envolée des prix. D’une seule voix dans leur communiqué, les membres du G20 ont notamment recommandé de prolonger le dispositif qui permet, depuis juillet, d’exporter des céréales ukrainiennes – plus de dix millions de tonnes à ce jour – par la mer Noire.

Une façon de placer la Russie devant ses responsabilités pour qu’elle accepte de prolonger l’accord, signé sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, au-delà de sa date d’expiration, samedi 19 novembre. Ce qui n’est pas encore fait. A l’issue du G20, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est néanmoins dit « convaincu » que le mécanisme serait reconduit « sans interruption », si possible « pour un an ». « Après cette déclaration, le coût politique d’un non-renouvellement sera plus élevé pour la Russie si elle refuse de transiger », indique un diplomate. Le G20 appelle aussi à trouver un compromis pour faciliter les exportations d’engrais, dont l’Ukraine et la Russie sont de gros producteurs, vers les pays qui en manquent cruellement, comme l’Indonésie.

 

« Les lignes bougent »

 

Au-delà des conclusions, « les lignes bougent » veulent désormais croire les Occidentaux qui, à l’instar d’Emmanuel Macron, cherchent à éviter « une partition du monde » entre les Occidentaux et les grands émergents, qu’ils soient situés en Asie, en Afrique ou en Amérique latine. La Chine « peut jouer à nos côtés un rôle de médiation dans les prochains mois », a observé le chef de l’Etat français, à l’issue du sommet, en indiquant vouloir se rendre à Pékin début 2023.

« Ce n’est pas un tournant, mais une clarification supplémentaire », indique-t-on dans l’entourage de l’Elysée. Plusieurs pays en position de pivot entre la Russie et les alliés de Kiev, à commencer par la Turquie et l’Inde, considèrent qu’il est grand temps que les hostilités cessent et redoutent par-dessus tout une nouvelle escalade, compte tenu des revers subis sur le terrain par les forces russes, et des menaces de confrontation nucléaire. « Nous devons arrêter la guerre », a lancé le président indonésien, Joko Widodo, à l’issue du G20, alors que son pays cultive sa neutralité depuis février. « Il faut éviter toute forme d’escalade », a-t-il ajouté.

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Source : Le Monde 

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