
Thaqafa – Dans un pays si fortement dépendant des marchés extérieurs pour la nourriture de sa population et de son nombreux cheptel comme la Mauritanie, la Ferme de Guerrou qui comprend une composante agriculture- maraîchage et une composante industrielle pour aliments de bétail et de volaille, représente-t-elle une réelle opportunité pour réduire la dépendance et renforcer la résilience du système d’alimentation de bétail et de volaille à grande échelle ?

Le complexe agro-industrielle de Guerrou est installé à l’orée de la ville, à 5 kilomètres au Nord-Est, sur une superficie de 51 hectares, à 550 kilomètres de la capitale, Nouakchott. C’est le fruit d’une initiative privée, celle de l’armateur et homme d’affaires, Ahmedou Ould Hmeiti. Entre deux escales, entre la capitale économique Nouadhibou où il travaille et Nouakchott, il fait de fréquentes descentes dans sa cité d’origine, là où il a installé sa famille et sa ferme.
Partenariat PRODEFI et Ferme de Guerrou
Depuis 2019 et dans le cadre d’un Partenariat Public Privé Producteurs (4 P), la Ferme de Guerrou a noué un partenariat avec le Projet de Développement des Filières Inclusives (PRODEFI), un projet financé par le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), à hauteur de 45 millions de dollars U.S pour la période 2019-2023.
A travers deux entités, la Société Moringa pour les Cultures Fourragères (SMCF) et l’Unité des Fourrages du Sud (UFS), la Ferme de Guerrou produit une grande partie de ses intrants en fourrages pour alimenter l’usine de fabrication des aliments de bétails et de volailles.

Pour que la ferme puisse davantage impacter sur son environnement, « le PRODEFI a associé à ce projet 8 coopératives implantées dans la région de l’Assaba et qui se sont engagées avec le producteur. L’objectif est de produire pour toute la région, voire la partie fourragère pour les trois régions de l’Est, Assaba, Hodh Gharbi et Hodh Charghi » selon le Coordinateur du PRODEFI, Abdel Kader Mohamed Saleck. Pour cela, un fond d’1 million de dollars U.S, soit 49% des investissements, a été injecté par le PRODEFI contre 51% apportés par le promoteur.
L’avis d’un producteur associé
Selon Seiv Ould Boubacar, président de la Coopérative El Kheir associé à l’USF, « notre coopérative est dirigée par un Bureau Exécutif de 15 membres et compte une trentaine d’employés. C’est l’une des 8 coopératives que le PRODEFI a sélectionnées comme actionnaire dans l’Usine des Fourrages du Sud (UFS) ». Sur une parcelle de 4 hectares, la coopérative cultive des produits fourragers et pratique le maraîchage. Selon Seiv Boubacar, « grâce aux semences de bonne qualité, nous avons enregistré cette saison de bons rendements, avec une production d’une tonne et demie (1,5) de fourrage de maïs, mais un faible rendement en légumes ». Le manque d’eau reste l’une de leur plus grande préoccupation, affirme-t-il en substance.
Pourtant, selon le directeur de la Ferme de Guerrou, celle-ci dispose de plusieurs sondages, forages et un château d’eau qui alimentent les parcelles de culture et l’usine.
Les partenaires jugent satisfaisant l’expérience de Guerrou en matière d’agro-business, soulignant qu’il s’agit d’un modèle inédit dans la zone. Elle tranche, selon eux, avec l’habituelle pratique, celle de l’agriculture traditionnelle de type familiale à petite échelle et à faible rendement largement pratiquée en Mauritanie.
Pas moins de deux ministres de l’Agriculture ont visité la ferme en 2022 et ont exprimé chacun son émerveillement face à une exploitation d’une telle ampleur, tout en engageant le département à accompagner cette expérience au regard de son potentiel apport à l’autosuffisance alimentaire et fourragère.
Une expérience calquée sur le Maroc
Le complexe agro-industriel de Guerrou, encore appelé « la ferme de Guerrou » est réputée surtout pour ses tomates de grande qualité.

« Notre expérience en ce qui concerne la culture de tomates, s’est inspirée totalement du Maroc. Nous avons calqué toute la chaine de production, en utilisant les mêmes semences, les mêmes techniques, les mêmes méthodes de production, les mêmes équipements et matériels. Nous avons même amené un expert marocain qui a accompagné le début de nos activités. Les résultats étaient au-delà de nos prévisions. Nous tablions sur 120 tonnes à l’hectare, nous avons eu plus de 170 tonnes à l’hectare » explique Mohamed Ould Cheikh Ahmed, le Directeur de la ferme.
Cheikh Aïdara
Source : Thaqafa
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com