Cette vidéo circule depuis quelques jours sur internet. Il y’ a quelques années, j’ai appris l’existence de cette pratique dans certaines parties du Sénégal et je m’y étais un peu intéressée.
Je constate aujourd’hui que certains qui écrivent sur la chose se trompent un peu. Ils parlent d’une victime accusée peut-être à tort, jetée à la vindicte populaire…etc. Non !
Pour l’essentiel, ce sont ces « suppliciés » eux-mêmes qui sont allés quérir la sentence dans un objectif d’expiation. Oui, les flagellés viennent souvent de la capitale, au volant de leur voiture, à l’insu de leurs proches pour recevoir la punition purificatrice et ainsi effacer leurs péchés.
Le public qui assiste à la scène reçoit la consigne de ne jamais raconter le spectacle, sous peine de recevoir une flagellation !
Ceux qui relatent le fait devraient à mon avis mieux s’informer pour avoir un angle pertinent d’analyse.
J’ai reçu plusieurs questions inbox. Oui, j’ai reçu des personnes qui avaient déjà requis et subi une flagellation expiatoire sans s’être senties mieux. Il s’agissait de personnes qui se sont senties tellement mal dans leur peau, qu’elles ont pensé être damnées.
Elles ont alors cherché des fautes dans leur passé. Très souvent, elles n’en ont même pas retrouvé et ont cru les avoir oubliées.
La flagellation n’a pas soulagé leur souffrance. De notre côté, nous avons diagnostiqué une grande souffrance de l’esprit avec une douleur morale importante. Nous avons retrouvé chez ces personnes des états dépressifs sur des traits de personnalité obsessionnelle.
Aida Sylla
Professeur Titulaire des Universités en Psychiatrie d’Adultes, à Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Facebook – Le mercredi 02 novembre 2022
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