Familles au pouvoir, de Senghor à Macky : Sang pour sang sénégalais

 Le Quotidien – Limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République. Cette proposition de loi de la députée non inscrite Aminata Touré a fini de diviser la classe politique. Si naturellement les opposants y voient une façon de fragiliser le régime en place, la mouvance présidentielle l’assimile à une intention de nuire causée par la volonté de se venger. D’autant que depuis l’indépendance, des membres de la famille du Président ont toujours occupé de hautes responsabilités. 

Aminata Touré ne veut plus voir des parents proches ou éloignés des dirigeants dans l’appareil de l’Etat. On verra bien ce que va devenir sa proposition de loi. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de lui souhaiter bien du plaisir, tant elle s’attaque à une vieille pratique politique au Sénégal. Ce n’est, en effet, pas un fait nouveau : des membres de la famille présidentielle ont, depuis l’indépendance, occupé des postes stratégiques au sein de l’Etat.

Cela a commencé avec Léopold Sedar Senghor. Le Président-poète ne s’est pas gêné de confier à son neveu, Adrien Senghor, le ministère du Développement rural. Les résultats de Adrien ont, semble-t-il, plu à Senghor qui lui a, par la suite, confié le département de l’Equipement, avant de faire de lui un ministre d’Etat plus tard. C’est le début d’une tradition qui s’est inscrite dans la pratique républicaine.

Abdou Diouf, qui a remplacé le Président-poète, s’y est engouffré. Si Senghor n’avait qu’un membre de sa famille, Diouf, lui, en a eu plusieurs. Mais le plus remarquable a été Magued Diouf. Son frère était en charge de la Modernisation de l’Etat. Une fonction qui visait à rendre l’administration plus performante. Là aussi, Diouf a semblé être convaincu par les travaux de son frère. Il lui confiera, par la suite, l’Energie, les Mines et l’Industrie. De nature peu disert, Magued Diouf a adopté le profil bas après la chute du régime socialiste, mais il est revenu au-devant de la scène quand il a refusé de céder son logement de fonction au Point E sous l’ère Macky.

Si les deux premiers présidents avaient semblé avoir un peu de retenue quand il s’est agi de nommer les membres de leurs familles, Wade, quant à lui, ne s’est même pas posé cette question. Pour le Pape du Sopi, il fallait s’entourer de sa famille pour une question de sécurité. C’est ainsi qu’il a voulu incorporer son neveu, Lamine Faye, à la gendarmerie, avec le grade de Capitaine.

Wade avait aussi voulu compter 3 calots bleus dans les rangs de la gendarmerie, sans les faire passer par une école de formation militaire. Un forcing que le Colonel Ndaw n’a pas accepté. Dircel à l’époque, le Colonel a dénoncé dans son livre, Les excès des Wade, népotisme au sommet de l’Etat, le fait que «le président de la République a voulu nommer quatre calots bleus dont Lamine Faye (son neveu), capitaines de gendarmerie et les intégrer dans sa garde rapprochée».

Plus tard, Wade fera de Sindiely, sa fille, sa conseillère principale, avant de lui confier la présidence du Comité d’organisation du 3ème Festival des arts nègres (Fesman). Le Fils, Karim Wade, pendant ce temps, était ministre de la Coopération internationale, de l’aménagement du territoire et des infrastructures. C’est lui qui a géré le Sommet de l’Anoci et ses milliards de dépenses. Le neveu, Doudou Wade, avait, lui, en charge la présidence du groupe parlementaire Liberté et démocratie durant tous les mandats de Wade. Entre temps, Ndiouga Sakho, un des neveux de Wade, était le directeur de l’Urbanisme après avoir dirigé la Sapco.

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Malick GAYE

 

 

 

 

 

Source : Le Quotidien (Sénégal)

 

 

 

 

 

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