Mauritanie – Prochaines élections : Ce qui va changer

Le Calame – Pour la deuxième fois, les partis politiques et le ministère de l’Intérieur se sont réunis autour des préparatifs des prochaines élections municipales, régionales et législatives de 2023. Il s’agissait de synthétiser les propositions des partis. Elles portaient sur la recomposition de la CENI, organe chargé de superviser les scrutins, la question de l’état-civil, le recensement à vocation électorale, la proportionnelle et le vote de la diaspora. Les différentes parties sont, semble-t-il, parvenus à un consensus sur plusieurs points.

En un, l’élection à la proportionnelle des représentants du peuple sur les listes nationales des femmes et des jeunes. Avec l’augmentation du nombre de députés qui passe de 157 à 176 dont 88 à la proportionnelle (50%) mais on peut remarquer ici une baisse (-5,41%) de ce pourcentage puisque, lors des élections de 2018, 87 députés (sur 157) avaient été élus par cette voie.

Autre nouveauté, l’établissement d’une liste de la jeunesse qui comptera onze élus dont deux représentants les personnes vivant avec un handicap. L’élection des Présidents de Conseils Régionaux (PCR) et des maires connaîtra également un changement : chaque PCR ou maire sera issu de la liste nantie du plus grand nombre de conseillers à condition qu’il soit à sa tête.

Le scrutin proportionnel intégral était une revendication de plusieurs partis. Ils doivent se contenter de cette avancée. L’augmentation du nombre de députés se justifie par la fondation de nouveaux départements et l’érection de Nouakchott en trois circonscriptions électorales. La capitale disposera de vingt-et-un sièges et  sera désormais divisé en trois circonscriptions électorales. Cette volonté d’intégrer les jeunes dans les sphères de contrôle de l’action gouvernementale est une initiative à saluer. Elle constitue un pas vers le rajeunissement de la classe politique évoqué depuis Ould Abdel Aziz qui voulait renvoyer à la retraite politique tous les « croulants ».

Nouakchott réunit presque la moitié de la population du pays. À l’instar d’autres grandes villes, elle a toujours penché vers l’opposition. On se rappelle que lors des dernières élections locales, il fallut organiser trois tours de scrutin pour départager les adversaires à El Mina et à Arafat, un des plus grands bourgs de Nouakchott aux mains, depuis des décennies, du plus grand parti de l’opposition Tawassoul. De toute évidence, le pouvoir en faisait une affaire personnelle pour faire basculer ce bastion des islamistes dans l’escarcelle de son parti. Mais les ministres et hauts cadres du pouvoir parachutés à cette fin dans ces deux circonscriptions mordirent tous la poussière, notamment à Arafat.

Le deuxième point d’accord porte sur la recomposition de la CENI, un organe chargé de l’organisation et de la supervision des élections. Il lui revient d’en fixer la date en tenant compte surtout des conditions climatiques.  Fruit d’un consensus entre la majorité et l’opposition dialoguiste de 2012 – loi organique N°027 du 12 Avril 2012 – la composition de cet organe doit être en effet revue, plusieurs des partis la composant ont rejoint depuis la majorité présidentielle. Un consensus à ce sujet devrait apporter un plus à la crédibilité des prochaines élections.

En dépit des efforts qu’elle a fournis en 2018 et 2019 pour rester à équidistance de tous, elle a été fortement contestée par l’opposition surtout lors de la proclamation des résultats de la présidentielle de 2019. Avec l’engagement du ministère de l’Intérieur et de sa délégation générale aux élections, la CENI pourra-t-elle échapper à des critiques des uns et des autres ? Posée, la question attend sa réponse avant le 31 Octobre, date à laquelle est fixée l’échéance de la proclamation de la recomposition de ladite commission. Le temps presse donc. Rappelons ici que les sept membres de son comité directeur sont désignés pour un mandat non renouvelable de cinq ans.

Mise à jour des listes électorales

Autre point d’accord, le recensement à vocation électorale. En effet, il est de tradition d’y procéder à la veille des scrutins pour, d’une part, permettre à ceux qui ont atteint l’âge de la majorité (18 ans) d’intégrer les listes électorales et de toiletter d’autre part celles-ci, en supprimant les doublons et les noms des personnes décédées, tout en actualisant les éventuels changements de lieu de résidence des électeurs déjà inscrits. Une opération de routine qui permet de mettre à jour la composition et la répartition de l’électorat.

Autre problème lié à l’état-civil, l’expiration de la validité des cartes nationales d’identité. Elles sont des milliers, pour ne pas dire millions, à se retrouver en cette situation et il n’est pas facile de procéder à leur renouvellement exhaustif. Tutelle de l’Agence nationale de recensement des titres sécurisés (ARNTS), il reste au ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation (MID) à trouver avec tous les partis un modus-vivendi pour permettre à tous les mauritaniens en âge de voter d’accomplir leur devoir civique.

Financement des campagnes électorales

Le MID et les partis ont convenu du financement de ces derniers pour leur campagne électorale. Comme on le sait, ceux de l’opposition et certains de la majorité ne disposent pas d’assez de moyens pour participer convenablement à des élections, qu’elles soient locales ou présidentielles. Les subventions de l’État sont insignifiantes et avec le nombre pléthorique de partis, certains se retrouvent dans une véritable misère. Ceux d’entre eux qui comptent peu ou prou de cadres assez bien placés dans l’Administration ou le secteur privé pour contribuer à leur fonctionnement disparaissent de l’arène politique dès le lendemain des scrutins.

Ces véritables partis-cartables encombrent la répartition des aides. Aussi est-il impératif d’assainir celle-ci en appliquant strictement la loi selon laquelle les partis ayant pris part à deux élections sans obtenir 1% des voix doivent être dissouts. Le dernier dialogue sous Ould Abdel Aziz l’avait décidé mais depuis la dernière présidentielle, les autorités semblent fermer les yeux et certains disent même avoir recouvré leur récépissé. On ne peut cependant pas se complaire avec plus de cent partis dont l’écrasante majorité pollue le débat politique.

Sur le chemin du mieux…

Il semble en tout cas que le gouvernement – ou, disons, le président de la République –soit déterminé à organiser des élections consensuelles et, espérons-le, transparentes. À la manœuvre, le ministre de l’Intérieur paraît s’y être engagé résolument. Le bon déroulement des rencontres entre le département et les partis, illustré par le consensus établi lors de leur dernière rencontre, accrédite cette hypothèse. Même s’ils restent prudents et vigilants.

C’est pourquoi d’ailleurs, le président de SAWAB, Abdessalame Horma a déclaré à l’AMP qu’en dépit des avancées notables des divergences restent à aplanir au cours des prochaines rencontres. Beaucoup de ceux-là saluent d’ailleurs l’engagement du MID. Signe encourageant, le RFD, l’UFP et l’AJD/MR qui avaient boycotté la première rencontre ont fini par se rallier à l’initiative, après avoir adressé une correspondance au ministre en laquelle ils formulaient leurs doléances, « bien reçues par le département », signale une source.

Après ces retours, on attend l’arrivée de deux partis politiques non reconnus : l’Union des Forces Progressistes du Changement (UFPC) présidé par Samba Thiam et le RAG de Biram Dah Abeïd ; qui attendent depuis des années leur sésame. Sauf à être complice de cette ségrégation, la classe politique gagnerait à demander au MID de reconnaître ces deux partis à leadership noir qui veulent s’inscrire dans la légalité. Il ne sert à rien de les maintenir en marge de l’arène politique alors qu’ils ne manquent pas d’y peser.

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Dalay Lam

 

 

 

 

Source : Le Calame

 

 

 

 

 

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