Vanity Fair – Depuis dix mois, elle a tenté de garder le silence sur la soirée qui a bouleversé sa carrière et sa vie. Kheira Hamraoui, milieu de terrain du PSG, livre à Vanity Fair son soulagement après la mise en examen de cinq personnes, dont son ancienne coéquipière Aminata Diallo, pour « violences aggravées » et « association de malfaiteurs », qui a été placée en détention provisoire.
« Ces révélations m’ont fait froid dans le dos. Je suis choquée, écœurée et dévastée », nous explique-t-elle. Bien qu’Aminata Diallo demeure présumée innocente, la sportive de 32 ans est soulagée : « Mon honneur est enfin lavé. Il faut maintenant laisser la justice travailler sereinement pour que absolument toute la vérité soit mise à jour. » Dix mois après son agression, la joueuse espère pouvoir enfin tourner la page de cet épisode traumatisant : « Vivement que mon nom soit à nouveau associé aux pages sportives et plus aux rubriques judiciaires. Mon objectif est le même: retrouver le rectangle vert. C’est là que je m’exprime le mieux. »
On s’en souvient : Kheira Hamraoui avait nourri des soupçons au sujet de sa coéquipière, après son agression du 4 novembre 2021. Aminata Diallo avait été placée en garde à vue six jours plus tard, et relâchée sans la moindre charge retenue. Le vestiaire du PSG en avait conclu que Kheira Hamraoui avait dénoncé à tort Diallo, qu’elle décrivait comme une de ses amies mais en rivalité directe pour le poste sur le terrain. Sur les réseaux sociaux, des milliers de messages insultants s’en prennent alors à Hamraoui.
Face au déferlement de violence, elle ne consulte plus ses comptes pendant des mois. Ce 17 septembre, les commentaires sont toujours fermés sur son compte Instagram, y compris sur la publication d’une lettre pour exprimer son émotion face à l’accélération impressionnante d’une enquête menée patiemment dans la plus grande discrétion par la PJ de Versailles, qui a exploré toutes les pistes possibles.
Un guet-apens à la barre de fer
Il faut remonter au 4 novembre 2021 pour mesurer le cauchemar de Kheira Hamraoui, une « triste soirée où j’ai cru mourir », qui la « hante nuits et jours » encore aujourd’hui. Ce soir-là, elle participe avec ses coéquipières parisiennes à un dîner de cohésion, au chic Châlet des Îles, dans le bois de Boulogne. Pour le trajet, un covoiturage s’est arrangé la veille entre Aminata Diallo, Kheira Hamraoui et Sakina Karchaoui, qui vivent toutes dans les Yvelines, près de Bougival où se trouve le centre d’entraînement du PSG.
La première, au volant de sa voiture, dépose Sakina Karchaoui et se dirige vers le domicile de Kheira Hamraoui, qui vit non loin. Dans une rue sombre de Chatou, deux hommes cagoulés surgissent autour de la Toyota Corolla prêtée par le club à Aminata Diallo. Ils tapent au carreau avant d’ouvrir la porte et de sortir Kheira Hamraoui du siège passager. Elle panique, pense être victime d’un carjacking, propose montre et sac à main à l’agresseur qui n’en veut pas et l’insulte.
Il sort une barre de fer et la frappe, vise ses jambes, recule à plusieurs reprises pour être sûr de toucher les membres inférieurs. La sportive crie, se débat et se défend, pendant que le complice de son agresseur se trouve du côté de la conductrice Aminata Diallo. Ce n’est qu’à l’arrivée d’un véhicule que les deux prennent la fuite, laissant Kheira Hamraoui au sol, choquée et ensanglantée, et Aminata Diallo indemne toujours dans l’habitacle, où elle était tenue en respect par un des deux hommes cagoulés. Les agresseurs n’ont même pas volé un sac à main : le déferlement de violence contre Kheira Hamraoui était bien le motif. « Cette nuit-là, leur objectif était simple : ôter par une violence extrême mon outil de travail en brisant mes jambes et mettre un terme à ma carrière », assure-t-elle.
Dans la panique, les deux femmes rappellent vite Sakina Karchaoui et Bernard Mendy, entraîneur adjoint de l’équipe féminine, en se dirigeant vers l’hôpital de Poissy, où la footballeuse est prise en charge. Elle aussi marquée par l’agression dont elles viennent d’être la cible, Aminata Diallo confie le volant à sa coéquipière.
Bilan de l’agression : deux points de suture au tibia, deux à la main droite, de larges hématomes sur les jambes mais, une chance pour cette sportive de haut niveau, aucune fracture. Les trois jeunes femmes sont conduites par la sécurité du PSG vers un hôtel où elles passent la nuit, un agent dans une chambre adjacente. Aminata Diallo fait chambre à part, Kheira Hamraoui et Sakina Karchaoui restent ensemble, sous le choc : « On s’est endormies main dans la main ».
Des éléments troublants
Dans les heures qui suivent son agression, Kheira Hamraoui puise dans ses souvenirs encore vifs et son attention se porte rapidement sur sa coéquipière et, pense-t-elle, copine. Les éléments déroutants s’accumulent : pourquoi a-t-elle tenu à déposer Sakina avant elle, alors que son appartement se trouve sur la route ? Pourquoi a-t-elle roulé aussi lentement, à une vitesse basse qui n’a pas déclenché le verrouillage automatique des portes ? Pourquoi a-t-elle sèchement refusé de dormir avec elles dans la chambre d’hôtel, au mépris de la consigne pourtant donnée par le service de sécurité du PSG ? Ses textos incessants sur la route, avant et après l’agression, son détachement suite aux faits, les questions sur la motivation des agresseurs, juste après l’agression, la troublent. Elle se souvient qu’Aminata Diallo lui a demandé avant d’aller se coucher si elle avait déjà une idée de qui pouvait lui en vouloir.
Entendue par les policiers, Diallo pointe du doigt la vie sentimentale d’Hamraoui, assurant avoir entendu pendant l’agression, par dessus les cris de Kheira Hamraoui, une revendication : « Alors comme ça, on couche avec des hommes mariés ? » L’international français Éric Abidal surgit alors dans l’enquête, la puce de téléphone d’Hamraoui étant enregistrée au nom de celui qu’elle a connu pendant ses années au FC Barcelone, où il était directeur sportif.
La joueuse assure qu’il s’agit d’un geste amical, mais Hayet Abidal y voit la preuve d’une infidélité qu’elle soupçonnait. Les excuses très publiques de l’ancien footballeur (« Je mérite cette humiliation même si elle me tue vivant », a-t-il écrit dans une publication Instagram depuis effacée) n’empêcheront pas l’ouverture d’une procédure de divorce, alors que l’épouse trompée, la mère de ses cinq enfants, nie tout lien avec l’agression d’Hamraoui -qu’elle qualifie tout de même de « diabolique » dans une interview au Parisien.
Un mystérieux corbeau depuis la prison
Malgré les soupçons d’un règlement de comptes commandité par une épouse bafouée, l’idée d’un guet-apens mené pour la déstabiliser et, pourquoi pas, occuper son poste à Paris et en bleu, n’a pas quitté Kheira Hamraoui. D’autant que l’agression a eu lieu quelques jours après qu’un mystérieux corbeau a appelé des footballeuses du PSG pour les mettre en garde contre elle. En contactant directement ces joueuses sur leur portable, il cite des informations très précises sur son quotidien, ses entraînements, ses fréquentations, assure que la milieu de terrain les dénigre et assume vouloir « détruire sa vie » en semant ainsi la zizanie chez les joueuses, à cause d’une séparation houleuse.
Ces fameux appels, qui n’ont été portés à l’attention de la justice qu’après l’agression, ont été retracés et mènent… en prison. À Lyon-Corbas, précisément, où est incarcéré un certain « Jaja », que Kheira Hamraoui connaît mais assure n’avoir pas vu depuis deux ans. Le détenu, sous mandat d’arrêt pour des faits de torture avec actes de barbarie, est aussi un proche d’Aminata Diallo, son « meilleur ami », même, d’après les dires de Kheira Hamraoui à la police.
De quoi alimenter les soupçons de la joueuse et des enquêteurs, qui extraient « Jaja » de sa cellule en même temps qu’ils placent Aminata Diallo en garde à vue le 10 novembre, au lendemain d’un match du PSG face au Real -et au cours duquel Diallo a joué à la place d’Hamraoui, en arrêt à cause de ses blessures.
Après l’agression, dont elle s’est physiquement remise au point d’être sélectionnée par Corinne Diacre pour un rassemblement bleu au début 2022, les enquêteurs notent une « véritable campagne de dénigrement et de harcèlement » visant Hamraoui. Les multiples commentaires insultants sur les réseaux sociaux sont nourris par la diffusion de vocaux, des messages audio qu’Hamraoui a envoyés à ses proches. Les enregistrements sont anciens, pour la plupart sortis de leur contexte et visent à accréditer la théorie d’une séductrice d’hommes mariés qui aurait pu se faire de nombreuses ennemies. Un des sons publiés est présenté comme étant de Presnel Kimpembe, mais est démenti en bloc par le défenseur parisien :
« À la suite de la récente polémique au cours de laquelle mon nom a été évoqué à tort par des personnes se qualifiant de journalistes, je tiens à affirmer que tout ce qui a pu être écrit ou dit me concernant est totalement faux. » L’avocat d’alors de Kheira Hamraoui annonce le dépôt d’une plainte pour « atteinte à la vie privée » et « diffusion de fausses nouvelles » contre un influenceur et un journaliste ayant diffusé les sonores. « On a essayé de briser mon image auprès de ma famille », déplore Hamraoui.
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Source : Vanity Fair
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