Opération Sirli en Égypte : l’État français visé par une plainte pour complicité de crime contre l’humanité

Deux ONG internationales ont porté plainte, lundi 12 septembre, afin que la justice française enquête sur l’exécution de centaines de civils en Egypte grâce à des renseignements fournis par l’armée française. Une plainte qui fait suite aux révélations de Disclose publiées en novembre dernier.

Disclose  – La pression sur l’Etat français s’accentue. Deux ONG basées aux Etats-Unis, Egyptians Abroad for Democracy et Code Pink, ont déposé plainte contre X, lundi 12 septembre, pour crime contre l’humanité, complicité de crime contre l’humanité et torture auprès du pôle crimes contre l’humanité du parquet national antiterroriste (PNAT) de Paris. Une plainte qui fait suite aux révélations de Disclose, en novembre dernier, sur l’opération Sirli, une mission militaire secrète de la France en Egypte.

Pour rappel, la mission Sirli a été initiée en 2015 par l’armée française afin de fournir du renseignement aérien à la dictature du maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Des informations qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, ont servi à mener une campagne de bombardements systématiques contre des civils soupçonnés de contrebande dans le désert occidental, à la frontière avec la Libye.

D’après des dizaines de documents « confidentiel-défense » issus de la direction du renseignement militaire (DRM) et obtenus par Disclose, les soldats français envoyés en Egypte ont alerté leur hiérarchie à de très nombreuses reprises, entre 2016 et 2019, sur les dérives meurtrières de l’opération Sirli. Malgré ces signalements qui sont remontés jusqu’à l’Elysée, ni François Hollande ni Emmanuel Macron n’ont mis fin à cette mission, quitte à faire de l’Etat français le complice d’exécutions arbitraires.

 

« des crimes de torture »

 

Selon la plainte consultée par Disclose, « les attaques ciblées qui ont abouti au meurtre et à la blessure systématique de civils soupçonnés de contrebande, et sans lien avec le terrorisme dans [le désert occidental égyptien], constituent des crimes contre l’humanité ». Les deux ONG internationales estiment également que les souffrances endurées par les civils blessés lors des frappes aériennes égyptiennes constituent « des crimes de torture ».

Avec cette procédure, les ONG Egyptians Abroad for Democracy et Code Pink souhaitent que les responsables égyptiens de ces crimes soient identifiés et en répondent devant la juridiction française. En effet, de par sa compétence universelle, la justice française peut poursuivre et juger une infraction même lorsque celle-ci a été commise hors de son territoire, et par des citoyens étrangers.

 

Le mur du secret défense

 

Par ce dépôt de plainte, les deux organisations espèrent également que la justice enquêtera sur les responsables français qui se seraient rendus complices de ces crimes « en raison de l’aide qu’ils ont apportée à l’action de l’Egypte par le biais d’informations et de renseignements qui ont permis aux forces armées égyptiennes de mener à bien les attaques contre les civils ». Une complicité renforcée, selon les ONG, par le fait que « la France a continué à fournir cette assistance malgré la notification des violations et des crimes commis grâce à sa coopération avec l’Egypte pendant l’opération Sirli. »  Mais cette demande risque fort de se heurter au mur du secret défense.

Lire la suite

 

 

 

 

 

Source : Disclose (France)

 

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page