Rwanda, une exemplarité relative écornée

KassatayaQuelqu’un a comparé la célébrité à un manteau de lumière. Une chose fragile à traiter avec égards donc. Peut-être pourrait-on en dire autant de la réputation et plus généralement de l’image. Celle des personnes comme celle des pays.

A la vue de pancartes de manifestants londoniens arborant des inscriptions-slogans Stop Rwanda ou No Rwanda flights ou encore No Rwanda déportations, l’on ne peut s’empêcher de soupirer au gâchis. Les plus fatalistes pousseront peut-être jusqu’à la malédiction. A tort probablement.

Il y a près de trois décennies et bien plus tard, le mot Rwanda résonnait avec le pire des drames, un génocide. Cette tragédie collective dont Maître Roland Rappaport dit un jour qu’elle devrait regarder tout être humain. Mais la vie est forte. Chemin faisant, elle reconquit ses droits et reprit du terrain aux ténèbres. Le volontarisme politique, activant la force de la résilience, contribua à faire évoluer la perception qu’inspirait le pays et à repousser fantômes et ombres.

De repoussoir, le pays dit des mille collines se mit à projeter l’image d’un havre de performances, de bonne gestion, de probité des dirigeants dans un continent peu réputé pour abriter de telles qualités. Du moins chez ceux qui sont aux commandes. Voilà qu’un vent mauvais se met à souffler. Que l’on se rassure. Rien à voir avec les bourrasques mortifères. Un vent mauvais quand même !

Depuis peu, c’est une image plus troublée et plus troublante qui enveloppe le pays «de» Paul Kagame. Encore une fois, n’exagérons rien. Dieu merci, ce qui est en cause est sans commune mesure avec le cauchemar de 1994. C’est même incomparable. Ce n’en est pas moins embarrassant.

En monnayant «l’accueil » ou plutôt la rétention sur son sol de migrants en quête du Graal britannique, les autorités rwandaises ont entaché la réputation de leur pays et altéré son image en même temps- et c’est bien plus important- qu’elles violent des droits humains. Stop Rwanda déportations !

Malgré une nuance sémantique, la quasi homophonie du mot anglais avec son alter ego français si, connoté au plan historique, ajoute au trouble. Il y a, on le sait, des villes dont le nom est à jamais associé à la plongée dans l’inhumanité. Le Rwanda, dont les autorités ne sont pas irréprochables en tout point, n’en est certes pas là. Il gagnerait néanmoins à s’éloigner de certains rivages.

 

 

 

 

Tijane BAL pour Kassataya.com

 

 

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