Ce jour-là en classe de seconde, Sidi avait été désigné par le professeur pour corriger l’exercice de physique.
Sidi ne s’y attendait pas, il n’avait pas fait le travail demandé. De toute manière, il n’y comprenait rien.
Sidi, c’était la poésie, les langues, le cinéma ses centres d’intérêt…Les voitures et les filles aussi.
Peuuf, les sciences ce n’étaient pas pour lui, il n’y trouvait pas sens.
Il jeta des regards inquiets, apeurés autour de lui et se résigna à se lever lentement.
Que faire, il n’avait nullement le choix, il fallait aller au tableau.
La démarche hésitante, il se dirigea vers l’estrade. Ses manches de boubou tombaient machinalement comme pour dire « non, non, n’y va pas ».
Même cette force d’inertie n’y pouvait rien, c’était un fiasco annoncé.
Le morceau de craie à la main, Sidi se retrouvait face au tableau noir, confus et pétrifié.
Tous les élèves retenaient leur souffle, même les mouches se cachaient sous les pupitres.
Après d’interminables minutes dans un silence presque religieux, la voix grave du professeur résonna dans toute sa verticalité :
« Et pourtant il est beau ce boubou, du bazin riche n’est-pas ?»
Tout en reculant comme pour mieux porter ses coups, il ajouta narquois : « Et dire qu’on ne connait même pas la formule de la vitesse… Du bazin tout neuf cela vaut une fortune ».
Le boubou même riche n’avait pas le don d’une cape d’invisibilité. Sidi n’y pouvait rien, son matador était prêt pour l’estocade finale.
Mais voilà, la petite estrade avait des limites, elle était plutôt bien finie. Juste ce qu’il fallait.
Et un, et deux et trois pas en arrière…El matador donnait encore plus de la voix.
Et ce silence, dehors c’était l’heure de la sieste, Nouakchott somnolait.
Le petit pas de trop.
Et hop ! Notre professeur s’était retrouvé les quatre fers en l’air, le postérieur bien calé dans la poubelle près de la porte.
Avec le temps qui passe, l’arroseur était bien arrosé.
Elbane Hamady
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