La gestion de la crise des inondations du gouvernement mauritanien ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique. En première ligne des critiques les plus pertinentes, celles de la députée Kadiata Malick Diallo qui pointe que des milliards d’ouguiyas ont été engloutis dans l’assainissement pour la seule ville de Nouakchott et sans résultats. Elle s’est livrée à Kassataya pour une lecture sur cette catastrophe naturelle.
Kassataya : Pouvez-vous nous donner votre analyse sur les inondations actuelles qui frappent l’ensemble du pays ?
KMD : les inondations sont des phénomènes naturels liés aux conditions climatiques et météorologiques. Dans le cas de notre sous-région sahélo-saharienne, je crois que ces phénomènes sont d’abord une conséquence des graves perturbations climatiques observées dans le monde et qui découlent de l’action néfaste de l’homme sur son environnement. Nous sommes confrontés de plus en plus à de longues périodes de sécheresse qui ont modifié à la fois le milieu naturel, les pratiques des hommes pour leur survie (édification de grands barrages, de digues etc…), l’implantation d’habitations, le plus souvent précaires, dans des zones impropres et à risque. Ces périodes de sécheresse sont interrompues par moments par des hivernages où des quantités importantes de pluies sont enregistrées, provoquant de graves inondations comme nous le voyons présentement. Il faut ajouter à cela une absence totale de réseaux d’assainissement, en particulier dans les centres urbains, phénomène qu’il faut lier à la mauvaise gouvernance. Des milliards et des milliards ont été engloutis dans l’assainissement pour la seule ville de Nouakchott. Pourtant, avec moins de 50mm de pluie, c’est le sinistre déclaré.
« le gouvernement devra surtout anticiper pour éviter d’être surtout surpris et obligé d’improviser… »
Kassataya : Quelles solutions et quels enseignements tirez-vous de ces inondations ?
KMD : changer de mode de gouvernance. Intégrer les changements climatiques comme des données durables et difficilement réversibles. Elaborer des plans politiques basés sur des prévisions, sur des données scientifiques fiables et veiller à leur mise en œuvre avec exigence de résultats. Mettre fin à l’anarchie ambiante dans l’attribution des zones d’habitation, action devant être accompagnée par une sensibilisation des citoyens.
Lutter sans merci contre la gabegie et le détournement des biens publics.
Décentraliser l’action de l’état en faisant jouer pleinement leurs rôles aux collectivités locales. Anticiper surtout pour éviter d’être toujours surpris et obligé d’improviser.
Bien évidemment, tout cela ne peut être mené qu’avec des hommes et des femmes soucieux du bien-être des populations, ayant un minimum de patriotisme, des compétences avérées et qui soient respectueux de l’État qu’ils ont le devoir de servir avec loyauté.
Propos recueillis par Chérif Kane
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