En Afrique du Sud, le peuple zoulou couronne son nouveau roi

Malgré les intrigues de palais et les divisions au sein de la famille royale, le nouveau souverain du peuple zoulou, le plus grand groupe ethnique d’Afrique du Sud, a été couronné samedi 20 août devant des milliers de personnes, après trois jours de rituels ancestraux.

Courrier international  – “C’est un jour historique pour la Nation zouloue”, trompette le site d’information IOL. Le roi Misuzulu Zulu, fils de feu Goodwill Zwelithini – décédé du Covid-19 le 12 mars 2021, après 50 ans de règne – a accompli samedi “le rituel de l’entrée dans le kraal [enclos à bétail] royal et sacré” du palais de Nongoma, dans la province sud-africaine du KwaZulu-Natal.

“Cela signifie qu’il a désormais accompli tous les rituels pour occuper le trône de plein droit”, précise le site. Misuzulu était déjà entré dans le kraal dans la nuit de vendredi à samedi, à l’abri des regards, mais la tradition exige qu’il répète l’opération publiquement devant son peuple.

“Dès l’aube, des hommes et des femmes vêtus de costumes traditionnels ont commencé à se rassembler aux abords du palais de marbre” de Nongoma, raconte la Deutsche Welle. Devant “des rangées des guerriers zoulous connus sous le nom d’Amabutho”, les femmes “ont chanté et dansé pendant des heures”, dans l’attente de voir apparaître le nouveau roi, à sa sortie du kraal.

Chasse au lion

Les rituels du couronnement avaient commencé dès jeudi soir avec une chasse au lion, rapporte le Mail and Guardian. “Vendredi matin, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux, montrant le monarque, accompagné de guerriers, revenant d’une chasse royale avec la dépouille d’un lion, tué la nuit précédente pour les besoins de la cérémonie”, écrit le quotidien.

Le Daily Sun a interrogé l’expert culturel Gugu Mazibuko, qui souligne l’importance symbolique de la chasse au lion et de l’entrée dans le kraal : le roi “est toujours qualifié de ingosyama ou isilo [“ lion” ou “bête”, en langue zouloue]. C’est pourquoi il doit tuer un lion et revenir avec, comme symbole de son pouvoir et de sa grandeur”, explique-t-il. “Quant à l’entrée dans le kraal, elle est très importante car c’est là que le roi est présenté aux anciens et aux ancêtres de la nation”.

La population locale n’était pas la seule à s’être déplacée en masse pour “faire allégeance au nouveau roi”, observe The Citizen. “Des personnalités politiques et des représentants des royautés de tout le continent africain” étaient également présents à Nongoma, notamment la famille royale de l’Eswatini [anciennement Swaziland], à laquelle appartenait la mère de Misuzulu Zulu.

Le couronnement doit encore être officialisé par le président sud-africain Cyril Ramaphosa – qui a déjà reconnu la légitimité du nouveau souverain – lors d’une cérémonie officielle dont la date n’a pas été fixée, mais qui pourrait se tenir en septembre à Durban, selon la presse locale.

Avantages financiers

 

Le trône de la Nation zouloue “n’a pas de pouvoir politique formel, mais un cinquième de la population sud-africaine est zoulou et sa monarchie a une influence énorme”, remarque la BBC. Le roi jouit par ailleurs d’avantages financiers non négligeables : la couronne reçoit notamment des contribuables sud-africains une enveloppe annuelle de 4,2 millions d’euros pour la gestion du royaume. Le roi hérite en outre d’un territoire grand comme la Belgique, géré par un trust dont il est le seul administrateur.

Le trône fait donc l’objet de convoitises, et la succession de Goodwill Zwelithini a semé la zizanie au sein de la famille royale. “Le couronnement fait suite à plusieurs drames et intrigues judiciaires – et extrajudiciaires – impliquant les membres d’une famille royale profondément divisée”, déplore ainsi le Daily Maverick.

À sa mort, Goodwill Zwelithini avait six femmes et de nombreux enfants, dont plusieurs estimaient pouvoir prétendre au trône. Mais dans son testament, il avait donné la préférence à sa troisième femme – au motif qu’elle était sa seule épouse issue de sang royal – et à leur fils aîné Misuzulu.

 

“Image déplorable”

 

Les querelles de palais ont même donné lieu au couronnement, la semaine dernière, d’un demi-frère de Misuzulu, reconnu seulement par une poignée de partisans. Et samedi encore, un recours a été présenté – sans succès – devant les tribunaux pour empêcher l’accession au pouvoir de l’héritier désigné.

Pour Zakhele Ndlovu, un analyste politique à l’Université de KwaZulu-Natal interrogé par le Daily Maverick, “le fait que les tribunaux aient dû se prononcer sur l’identité du prochain roi zoulou donne une image déplorable de la famille royale et de la Nation zouloue dans son entier”.

“Ils auraient dû avoir un plan de succession clair, comme la famille Windsor, où l’on sait qu’à la mort d’Elisabeth, le prince Charles prendra les rênes, et le prince William après lui”, poursuit-il. Mais “la famille zouloue a lavé son linge sale en public”.

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Source : Courrier international 

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