Mauritanie – Nuit d’Achoura ou le grand régal de « Harane » à Arafat

Le Calame Les mauritaniens ont célébré Achoura, dans la nuit du 9 au 10 du mois de Mouharam, communément appelé chez les Peuls, Harane, une déformation peut-être de Mouharram.

La commémoration de cette fête du début de l’an musulman se singularise par un grand régal (haarde) qui lui est attaché. En effet, ce soir là, les familles préparent de grands plats de couscous (lacciri ) arrosés de sauce de viande ou de poulet, d’autres optent pour le « haco », un plat à base de feuilles de haricot mélangé avec de la viande ou du poisson et des arachides grillée et écrasées.

A cette occasion, les poulaillers sont fortement saignés dans le monde rural, sinon, dans les villages, les hommes se cotisent pour acheter un bœuf ou une vache qu’ils abattent. Ils se partagent la viande. Un système appelé Tong Tong dont se rappellent ceux qui ont lu les Contes ou les nouveaux contes de Amadou Koumba de Birago Diop (L’os de Mor Lam, paru en 1947, édit Fasquelles, présence Africaine, 1960). Cette nuit est souvent précédée ou suivi d’une journée de jeûne réputée très bénéfique. Le Harane est une Sunna, pas obligatoire mais vivement recommandée.

Le jour de fête, les femmes s’activent, en début d’après-midi, autour de grands fourneaux à charbons ou à gaz, pour préparer le dîner qu’on laisse mijoter longtemps au feu. Les odeurs agréables étaient perceptibles dans les maisons et même dans les rues.

Toute cette agitation se justfie par le fait que la famille doit se régaler pour, espère-t-on ne pas tomber sur le chiffre dix. En effet, selon une vieille tradition, au cours de cette nuit, Allah envoie ses anges pour compter le nombre d’âmes que la terre compte et chaque 10e personne ne survivra pas l’année nouvelle.

C’est pourquoi les gens se rendent visite, formulent des prières pour demander à Allah d’échapper à ce ce chiffre considéré comme « maudit ». Les prières que les envoyés de Dieu vont lui rapporter. Avec l’évolution ou la modernité, le couscous traditionnel est en train d’être relégué aux oubliettes cédant ainsi la place aux autres plats comme les pâtes ou simplement les sauces de viande, de poulet importé ou de poisson.

Cette nuit est aussi, il faut le rappeler l’occasion de célébrer la solidarité entre les familles, entre les voisins et avec les démunis. Les repas sont envoyés à ces derniers ou échanges avec des proches.

Cette nuit est également marquée par les chants et les danses des enfants mais aussi de grandes personnes qui se déguisent en animaux, les femmes en hommes. A Arafat Mesjid Ennour, les uns et les autres circulaient, de maisons en maisons pour collecter la charité, sous forme de couscous ou d’argent. Un véritable carnaval dans les rues apprécié des enfants qui ont commencé dans l’après-midi à préparer leur petit tam-tam qu’ils battu dans la soirée.

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Source : Le Calame (Le 15 août 2022)

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